samedi, juin 16, 2007

Il a des yeux... (la suite!)

Le début ici.
Donc.


Il lui a offert un second verre, elle a dit, souriant ce n'est pas la peine de me saoûler, vous savez.
Et en fait, non, il ne sait pas, il est dans un de ces moments où tout semble lui échapper, il se regarde, en spectateur effaré, devant cette béatitude subite qu'il ne peut endiguer.

Ils commencent de faire semblant, vous avez quel âge, vous faîtes quoi dans la vie, ah oui... et vous? mais on ne connaît même pas nos prénoms respectifs, Samuel, je suis enchanté, Lili.

Il faudra qu'ils se redisent tout cela, parce que toutes ces informations ne comptent pas, ils parlent pour se parler, ils parlent pour s'entendre.

Il ne leur parvient, à présent, qu'une rumeur imprécise de ce qui les entoure. Le monde se désagrège et ne leur renvoit plus que des signaux inintelligibles.
Elle lui dit après avoir été soudainement songeuse et avoir reposé son verre vide il va falloir faire les choses bien, on peut se tromper - tout le monde se trompe- mais il va falloir faire les choses bien.

Le soir est tombé, le bar s'est peu à peu empli. Ils sont à "La Maison", c'est son nom, au bar. Et s'ils se laissaient aller à un romantisme insolemment poisseux, ils se le diraient qu'ils se sentent à la maison. Mais il est encore trop tôt pour affirmer, trop tôt pour avancer quelque chose de la sorte, tout simplement parce qu'ils ne pourraient pas encore revenir en arrière, et se les reprendre, et se les réapproprier ces mots.
Ils ont eu leur lot d'histoires ratées, avortées pourtant, mais, autant l'un que l'autre, ils continuent à y croire, qu'on peut conjuguer les présents, les futurs, que le conditionnel offre des milliers de possibilités, que demain nous ressemblera forcément un peu plus, et puis encore un peu plus, encore.
C'est leur force, c'est leur faiblesse, mais là, tout de suite, ça n'a guère d'importance, c'est juste sa bouche qui s'étire dans un rire ardent, ce sont juste ses yeux qui se voilent d'une joie profonde, ce sont eux, en quelques minutes, prêts à sauter le pas, à se regarder et à s'affronter du haut de leurs propres abimes.

Ca n'est pas crédible, ça n'est pas cohérent, ça n'a aucun sens, mais c'est ainsi et quand elle lui prend la main, et quand elle l'entraîne au-dehors, il se retrouve immergé, submergé par cette vague déferlante qui lui commande de l'aimer et de s'agripper à son corps et à ses lèvres, et elle, elle meurt d'envie de le manger par tous les bouts, d'embrasser tout ce qu'il est, de l'épouser.

Et c'est comme deux adolescents qu'ils se reconnaissent enfin et échangent ce baiser passionné sur le pas d'une porte qui ne mène pas chez eux, et c'est déjà le début, cette porte, elle finira par s'ouvrir, s'entrebailler vers chez eux, cela s'impose comme une évidence inconséquente mais si prégnante que le baiser en est interminable d'éclosion, de bonheur et d'espoir rassuré.

To be continued




12 commentaires:

mlys a dit…

Ma chère et douce Emi.

Ce com sera le plus bref de toute ma courte existance de bloggeuse ...JE VEUX LA SUITE TOUT DE SUITE MAINTENANT OU JE TE....rires !

Que dire de plus ? J'avais aimé le premier épisode. J'aime encore plus le deuxième. j'ai hâte de découvrir le troisième et toute la suite ...

Je t'embrasse comme je t'adore.

Flower

Anonyme a dit…

Oui moi aussi je serais bien curieux de lire la suite...:-)
Bisous curieux...

Unknown a dit…

Nice Story...On veut bien la suite :)

Pierre a dit…

Courage Emi !

Plus que 117 pages et 1/2 et tu l'auras ton roman ! ;)

Beijo

Emi a dit…

FBK : j'sais pas si t'as vu mais y'a une chaîne qui t'attend, hein, tu te défileras pas comme ça ;)

Piero : "hum" ;)

A tous : oui oui, la suite, je sais mais moi je suis lente, ok?

Mademoiselle Coco a dit…

Amiante, frrrrreinchemint (ma soeur québécoise est à la maison, faut me pardonner), je n'ai jamais vu un moment aussi cucul raconté avec autant de grâce (sauf peut-être éventuellement si on compte la scène de Belle du Seigneur où ils se mettent à danser, peut-être, mais bon, ça ne compte qu'à moitié). Tout ça, ça me fait penser à Louxor (j'adooooooooore etc).

Emi a dit…

Mlle Coco : je fais ce que je peux pour insuffler un peu de merveilleux dans cette chose si surannée, tellement obsolète qu'est l'amour...
Et moi aussi, Louxor, j'adore ;)
Des bisous, belissima.

Anonyme a dit…

C'est quoi Louxor? (si c'est pas indiscret)

Anonyme a dit…

Moi j'ai peur de la suite, que ça finisse mal trop vite!

Emi a dit…

Br'1 : Louxor, c'est une chanson de Philippe Katerine.
Et ça finira pas mal, promis.

Anonyme a dit…

Je découvre une plume précise et immersive, comme je les aime.

Moi aussi, j'attends la suite de souris ferme :)

Emi a dit…

Dario : Laisse moi juste un peu de temps...

Frenchmat : Heureuse que ça te plaise :)