dimanche, mai 06, 2007

Rencontre fortuite ?

Je suis sortie de chez moi, sac de voyages, sac-à-main (en bandoulière, dernier bastion d'adolescence), les écouteurs déjà vissés aux oreilles. Une après-midi à tuer, mais pas à rester enfermée. Prendre le métro, sur les escalators, à la sortie, un homme m'interpelle. (Mon autisme musical n'a pas raison de son envie de me parler, il est donc diablement courageux)
-Excusez-moi, je peux vous dire quelques mots?
(Ah parce-que c'est pas déjà ce que tu es en train de faire?)
-Désolée mais non, je suis assez pressée en fait.
(Tu ne me plais pas mais alors pas du tout, tu es trop vieux pour moi, tu es presque chauve, et surtout tu as l'air exagéremment gentil mais du genre désespéré)
-Pas longtemps...
-Non, mais je suis prise.
(Oui, je mens extrèmement bien)
-Il a de la chance lui...
(Oui, il en a, c'est sûr, Dieu seul sait où il est et qui il est, mais il en a)
-Bonne journée quand même, hein.
-Merci mademoiselle...
Bon, je remets mes écouteurs, que j'avais quand même enlevés par politesse. J'ai des dizaines de bouquins chez moi que je n'ai pas encore lus, le plus logique, ce serait quand même que j'aille dans une librairie en acheter d'autres (au cas où, on sait jamais).
La littérature est au dernier étage, montons les marches. Pouf pouf. En plus, je prends trop de place avec mon sac. Guidée par mon désespoir, je viens de finir de regarder tous les épisodes de Battlestar Galactica, série TV de Science-Fiction excellentissime s'il en est, je vais donc au rayon fantastique. Il faut en profiter parce que les enfants, je vous le dis, ça n'arrive pas souvent.
J'ai lu il y a quelques années de ça une nouvelle d'Ursula Le Guin qui m'avait beaucoup plue, on va voir si on peut taper là dedans. (Des résumés de bouquins de Fantasy ou de SF, j'en ai lus et relus, mon père et mon frère ne lisent pratiquement que ça mais j'ai jamais accroché sur grand chose, va falloir qu'elle me sorte les grands moyens la madame Le Guin).
A quelques pas, un jeune homme furête aussi. Je le regarde un peu, enfin un peu plus qu'un peu... Bon, il est très grand, ça aide, bon, il est brun, ça aide aussi, bon, il a l'air plutôt mignon, je peux pas cracher dessus et puis bon il sait lire, ça n'est pas négligeable non plus.
Je me reprends, je suis là pour acheter un bouquin, pas un homme, hein.
Je commence à chercher L comme Le Guin, je sens son regard sur moi. Ah ah...
Forcément, le L est au dernier étage tout en haut... Pour arriver à l'attraper, il va falloir que je me mette sur la pointe des pieds... Et que je galère un peu quand même... Un titre d'un des bouquins de la dame m'attire l'oeil : "Les Dépossédés." Ca me plait, ça, comme titre. Ca résume un peu l'état dans lequel je me sens souvent... Dépossédée... Bref, me voilà en train de me jeter à corps perdu vers ce livre... Je sens à nouveau son regard, amusé cette fois. Oui, c'est drôle, je suis petite, tu es très grand. Il me regarde faire, je suis sûre qu'il a envie de m'aider mais avant qu'il ait pu faire le moindre mouvement, je suis déjà en train de regarder la quatrième de couv', je suis vraiment trop forte. Ou trop bête, j'aurais pu lui demander de m'aider, ça aurait été une bonne façon de lui adresser la parole. Bref, je feuillette par ci, par là. Mais bon, au fond, j'ai déjà décidé de l'acheter, rien qu'à cause du titre.
Direction le rayon littérature française, faut pas abuser quand même, il y a des limites à tout. Lui que je surveille du coin des yeux a fait son choix, il commence à descendre les marches pour aller à la caisse, et je sais, oui, je sais, que tout le temps où il m'a encore dans son angle de vue, il me regarde... Et moi, je fais mine de rien (oui oui, je suis définitivement stupide).
Après avoir attrapé une des oeuvres de Maupassant, je descends aussi, je le retrouve à attendre devant la caisse, mon homme... Je lui lance un sourire timide auquel il ne répond pas, puisqu'il était déjà en train de me sourire, de façon un peu réservée... Mais cette caisse-là est fermée, il faut descendre au rez de chaussée, ah bé oui...
Tout en bas, je me retrouve derrière lui, mais malheureusement, une femme à l'air pas commode s'est glissée entre nous dans la file d'attente. Le temps que le client juste devant lui paye, il se retourne vers moi et me fait un sourire, plus du tout réservé, genre le sourire trois fois le tour de la tête... Bon, je souris pareil, il est vraiment charmant, je suis charmée, en fait, je suis vraiment toute retournée...
Quand je sors après avoir payé, je suis toujours un peu déstabilisée... Je m'arrête juste devant la sortie de la librairie, espérant l'apercevoir mais bien sûr, c'est déjà trop tard.
Alors voilà, ce beau garçon, je l'ai dans la tête depuis 3 jours, avec la diffuse sensation que c'est trop idiot et que j'aurais bien pu un peu bousculer les choses, je sais pas, l'inviter à boire un café, lui donner mon numéro...
J'étais tellement retournée en fait que j'en ai parlé à mon psy quelques heures plus tard... Et à ma mère, quand je suis sortie du train...
Il paraît qu'il faudrait juste s'accrocher à la beauté de ce genre d'instants, tu-me-plais, je-te-plais,-on-ne-se-reverra-sûrement-jamais. Mais je vous le dis comme ça, c'est complètement con de pas faire ce pas, de pas dire ces quelques mots.
Pourtant, en y réfléchissant, à avoir senti mon coeur se mettre à battre la chamade, en pensant à son visage... A ce qu'il m'a inspirée en l'espace de quelques minutes, il y a quand même une chose essentielle à retenir, et qu'il m'a offerte sans le savoir :

Je sais maintenant que je peux à nouveau tomber amoureuse... :)

6 commentaires:

Bip bip et coyote corporation a dit…

Pas non plus tout confrondre la.... haha

Emi a dit…

Yves : tout confondre? Va falloir préciser parce que là, je te suis pas...

Anonyme a dit…

lol... perso, y'a comme ca des types qu'on mate de loin en sachant qu'il y aura jamais rien.. comme ce type pr moi, en première année de musicologie à lille 3, à chaque fois que je le croise, je regarde avant, mais quand je suis proche de lui je fais style d'en avoir rien à faire parce que chuis timide ^^, j'oserais jamais rien tenter, et je sais même pas s'il serait tenté tout court ms je m'en fous c'est pas grave, je profite... biz'

Emi a dit…

blc : ah bien sûr, y'a le plaisir simple des yeux aussi... Ca dépend des fois ;)

MyGodHasFleas a dit…

post-it du jour (à coller en évidence sur son frigo)

"être téméraire"

i.e adresser la parole aux jolis garçons, leur dire qu'ils sont des jolis garçons
(ou qu'ils sont grands)
(ou qu'ils sentent le petit dop à l'abricot)
(ou que le dernier lecteur creative zen c'est trop de la bombe t'as vu non parce que l'i-pod, je veux bien, mais c'est surfait quand même non? t'en penses quoi toi?)
(bon, ou juste leur dire qu'ils sont des jolis garçons, hum)
dépenser ses derniers deniers pour leur payer un café dans un rade pourri.
et s'ils ne veulent pas, penser qu'en fait ils n'étaient pas de si jolis garçons, et aller s'acheter des fringues.

Emi a dit…

well well well : accroché dans ma tête le post-it d'accord (mon frigo est trop vide, je n'y vais jamais)
pourquoi les jolis garçons me font si peur (même - surtout...) quand il semblerait que je leur plais aussi ? - soupir -