mercredi, décembre 27, 2006

On a commencé comme ça... Seuls. **

Oui, oui vous pouvez me dire que je me la raconte comme Natalie Sarraute. Oui, je sais. Mais, c'est pas grave, on s'en fout, hein. Parce que c'est pas du plagiat et que le premier qui ose dire ça, je lui mets une plume dans le cul et je l'oblige à danser la macarena. Parce que bien sûr vous menacer d'être ridicules, c'est pire que TOUT AUTRE CHOSE, hein. Bon, ben, bref... J'accolle mes deux dernières notes et dès que y'en aura une nouvelle, je rajouterai une petite étoile dans le titre... Comme ça, j'ai pas à me casser la tête à trouver mille titres. Pour ceux qui s'en soucient, le premier morceau est extrait de l'album "SpiritChaser" des Dead Can Dance, les second et troisième sont du même groupe mais de l'album "Into The Labyrinth", quant au dernier morceau, il s'agit des Cocteau Twins et de l'album "Treasure". Toujours "Treasure" et ensuite c'est un morceau du groupe Citizen Cope (album éponyme)...



Il s'agissait peut-être de rouvrir de vieilles cicatrices. Vider comme un poisson, tu sais les viscères, leur odeur amère.

Il s'agissait aussi peut-être de crever l'abcès, se prendre pour Alice au Pays des Merveilles et passer de l'autre côté du miroir.
Tu t'es peut-être rappelée de certaines choses?
Comme la première fois que cela t'a frappée, c'était à l'approche du printemps, tu étais en avance, avec ce parfum diffus de glycine. Ca a commencé de te remuer un peu de l'intérieur, la peur demi-consciente des bourdons, la lourde porte en bois, les marches et l'herbe tendre. Voulais-tu pousser cette porte, dépasser la simple sensation, te plonger?
Te souviens-tu que petite, tu avais déjà du mal à l'ouvrir, mais de l'intérieur? Les grands arbres, les hautes haies, la rivière plus bas, bien plus bas : son existence mystère.


Maestro, Clique!

Souvent, tu errais sans but dans ce jardin qui pour toi n'avait aucun secret. Ton esprit décalquait un labyrinthe rassurant dans lequel il t'était impossible de perdre ton chemin. Quelque part, bien sûr, tu tournais en rond. Sauf ces endroits qui chargés d'une peur irraisonnée te fascinaient, tu t'en approchais doucement, restais là de longues minutes, jusqu'à ce que tu bascules subitement dans l'effroi et t'enfuies à toutes jambes. Le puits scellé quelques mois ou quelques années plus tôt, le recoin sombre enseveli sous les branches d'arbres, le murmure de l'eau que tu venais de quitter, te laissaient pleine de la sensation d'avoir échappé à un immense et indicible danger. Tu étais vivante. Et vive.

Ensuite, tu rentrais, et c'était les dalles fraîches, les aspérités du mur en pierre, l'ancestrale et massive table en bois.

Ca, et puis ça.

Il aurait fallu commencer par là. Ca aurait été plus simple. Le café au lait le matin et l'écoeurement qui s'ensuivait. Les feuilles éparpillées partout et le chat qui se couchait dessus, les stylos mordillés. Il faudrait tout confondre aussi, ne plus avoir peur de mal se souvenir. Monter les marches et s'allonger, parler du vent qui faisait tanguer les arbres. Les pieds glacés et l'ennui. Les jours entiers sans sortir. Tout semblait être devenu hostile au dehors. La Nature respirait seule, elle ne t'appelait plus. Tu aurais alors dû parler de ces nuits à errer en toi-même. Les dédales qu'en toi tu connaissais moins bien, frappée par l'idée de mort, et ses abîmes vertigineuses. L'incompréhension, déjà. Personne n'y croyait, personne ne voulait te croire. Et ainsi prenait racine cette paralysie intérieure...


Comment se battre contre l'indicible, contre un sentiment qui ne semble pas avoir d'existence, cet indésirable? Se peupler de mots. Se relever, affronter le froid, ne pas faire de bruit, se mettre sur la pointe des pieds, attraper un livre. Lire jusqu'à plus soif, lire jusqu'à ce que la lumière te pique les yeux et que tu tombes de sommeil. Lâcher prise, enfin.

Et puis, là.

On t'a sûrement arrachée à tout ça, et le réveil fut brutal. Les pages volent et t'échappent. Tu ne t'étais même pas révoltée, on t'a juste dit que tu n'étais pas la bienvenue. Si l'on niait ton mal, on n'en acceptait pas plus le remède que tu lui avais trouvé. Alors il a bien fallu rendre les armes. Et se maquiller.
Sortir, quitter la maison, oublier le jardin, le puits, la rivière.
Bien sûr, dans le secret le plus entier, quelque chose s'était imposé à toi : il était nécessaire de rendre ton angoisse signifiante, d'affirmer qu'elle était bien réelle, que tu étais réelle. D'une façon que personne ne pourrait renier, ni rejeter. Parce que c'est bien connu que les gens croient ce qu'il y a d'écrit dans les livres...



7 commentaires:

Anonyme a dit…

Dans le jardin de mon grand-père, il avait un énorme compost. Il m'avait dit qu'il y avait un boa dedans. Comment ça me faisait trop peur. J'y allais pas sans une fourche qui me servait à tester le tas d'herbes coupées. Le fait de ne rien trouver me prouvait qu'il était rudement malin ce connard de boa. Et ne me suggérait pas du tout que les -5 degrés durant les 3 mois d'hiver lui avaient suggéré de partir sous des latitudes plus clémentes...

Anonyme a dit…

4 ou 5 versions en une journée, c'est soit de l'indécision soit du perfectionnisme.
Je peux pas me permettre ça, je devrais scotcher mon PC à mon poignet et pour manger, c'est gênant!
En tous cas, la musique, j'aime pas trop mais bon, personne ne me force...
Allez, bonne soirée

Emi a dit…

Ce n'est ni de l'indécision ni du perfectionnisme, puisque je rallonge le texte à chaque fois, je ne modifie pas ce qu'il y a avant et ça ne s'est pas non plus fait en un jour monsieur j'ai toujours raison :)). Pas besoin d'être scotchée à mon pc, j'ai une vitesse de frappe hallucinante due au travail que je fais qui n'a strictement rien à envier à l'étalage des pratiques barrées dont tu nous fais le journal sur ton blog. Libre à toi d'imaginer ce que cela peut être. (Mais je pense pas que tu trouveras) Sinon, la musique, effectivement, faut accrocher, c'est pas évident.
Sinon pour ton comment précédent quand on est gosses, on réfléchit pas nécessairement à ce genre de détails pratiques que peut représenter la température pour un animal etc, et heureusement parce que peut-être ainsi on est plus libre d'imaginer. Qui dit plus libre d'imaginer, dit plus libre d'imaginer. Et imaginer, c'est bien. (très brillant exposé, n'est ce pas?)

Anonyme a dit…

Je suis, hein, je suis ...
Ca monte en puissance.

Anonyme a dit…

Amiante chérie, ne m'en veux pas pour cette familiarité chimique, j'ai deux stilnox dans la tronche, ce qui est censé me transporter dans les bras de Morphée, sauf que je l'attends depuis une heure. Bref, je voulais te dire que je n'avais pas encore tout lu, car ama vision me joue des tours. Forcément, demain ça ira mieux.
Je voulais te dire que j'étais passée, et que j'étais contente que tu sois passée par ce blog que j'ai honteusement déserté pour des raisons indépendantes de ma volonté à déprimer. Allez hop! en selle.
Hug !

Emi a dit…

ta familiarité me fait chaud au coeur.
J'avais envie de continuer l'ébauche, le tout petit début de correspondance que nous avions eue... Mais, j'en avais pas le coeur parce que j'étais trop à m'apitoyer sur mon sort. (quand j'ai l'impression qu' une machine qui essaie de faire que deux trucs s'emboitent mais que ca marche pas parce que les deux trucs sont pas faits pour s'emboiter et se cognent inexorablement a remplacé mon cerveau, là, je sais que c'est pas bon).
Bref tout ça pas pour dire des banalités, te passer de la crème ou dire "je te comprends", ça me sirupe le clavier et c'est pas l'essentiel. J'ai juste très souvent envie de te dire qu'en te lisant j'ai la sensation que tu m'ouvres la voie, le chemin à mon imaginaire. Ca me nourrit de l'intérieur, c'est du bon pain, du bon vin et tout ce qui s'en suit. Besos à toi.

Emi a dit…

j'ai oublié : ta familiarité me fait chaud au coeur, même chimique :))