mardi, juin 27, 2006

En train...

Ce texte, je le dédicace à Ben, que j'ai rencontré dans le train... Je l'ai écrit il y a quelques années de ça... Il y a certaines choses avec lesquelles je suis beaucoup moins d'accord aujourd'hui, le style n'est pas assez soigné à mon goût, il y a des flottements, bref... Il a des faiblesses. Mais, il reste quand même le symbole de toute une époque de ma vie, et le premier texte que j'ai partagé avec cet abruti de Benjamin que j'aime. J'ai même rallongé la fin après l'avoir rencontré, c'est pour dire combien il m'a illuminée... Lisez et vous comprendrez.

Jusqu’où peut aller la tolérance ?
J’aime écrire dans le train. Surtout lorsqu’il fait nuit. Tout est opaque. Les gens lisent des journaux aux thèmes insoupçonnables, ils mangent des chips, des sucreries, et c’est presque aussi dérangeant qu’au cinéma… C’est une atmosphère particulière. Il n’y a qu’une seule chose qui réunisse ces personnes-là : le lieu où ils vont. Distillés en arrêts dans des gares aux noms toujours improbables, le train se vide peu à peu. C’est trop souvent un soulagement car, ici, il est oppressant de n’être qu’un parmi d’autres. Bien sûr, la Solitude trace chacun de nos pas, qu’ils nous mènent en avant ou en arrière. Pourtant, cet univers est plus spécial. La pression se dilue au fil du temps.
Aujourd’hui, j’observe. La fatigue me rend parfois lucide. Et dans cette lumière blafarde, est né un environnement presque studieux. Chacun a trouvé quelque chose à faire, à lire, ou alors, on tente désespérément de dormir, on regarde par la fenêtre… Tout ça pour quoi ?
Pour échapper à la tentation irrésistible de croiser le regard de la personne assise en face de nous ?Ne pas déchiffrer le nom du roman de notre voisine ? Eviter un quelconque contact !
Ne pas s’investir, après tout, nous ne sommes là que pour quelques minutes, quelques heures tout au plus.
On dit que le train est un lieu de rencontre. Alors peut-être doit-on ce silence pesant à la moyenne d’âge ci-présente ? Il est vrai que j’ai connu voyages plus gais. Ce n’est ni l’heure ni le jour pour être joyeux et ouvert. Nous sommes lundi et il est 19h25. S’ils ne lisent pas, peut-être méditent-ils sur leur journée de dur labeur ? Comme j’aimerais parfois briser ces règles, ce consensus de stress et d’énervement. Mais j’en suis aussi victime… Sommes-nous tous en train de devenir fous ?
Voilà que je me pose des questions vraiment stupides maintenant. Aurai-je oublié que le monde quoi qu’il arrive est définitivement absurde ? Voudrait-on me faire croire, voudrai-je –excusez-moi, me faire croire que ma vie a un sens ? A travers les horaires de train, les emplois du temps, les heures de repas à respecter, je me dessine une vie déjà vécue, je m’avoue vaincue d’avance. Suis-je encore trop adolescente pour cela ?
Et si je prenais ça comme un jeu, vous joueriez avec moi ? Je suis étudiante, je travaille, et tous les soirs, je rentre par ce train. Celui-ci est pour la plupart du temps totalement non fumeurs, ce qui a le don de m’énerver. N’y voyez aucune considération politique, c’est juste que je suis intoxiquée jusqu’à la moelle ! Peut-être est-ce dû à l’absence de nicotine mais tous les soirs, dans ce train, je ne suis rien. Je fais comme tout un chacun, je m’occupe et … J’espère pouvoir tuer un jour le monstre de Solitude et de lâcheté qui me paralyse, qui nous paralyse. Quelques rêves qui s’étiolent ne tueront pas l’Espoir. C’est ainsi que je veux vivre. Je veux voir, je veux comprendre. Et je me sens seule parfois. Cette journée qui s’achève m’a vidée, porter le masque social peut étouffer et ce soir, j’ai envie, non, j’ai besoin d’exprimer toute cette souffrance et toute cette dérision joyeuse dont regorge le monde. Je n’ai que mes mots et vous. Jouez avec moi. Ce n’est plus une proposition, c’est une supplication. Où est notre humanité ? L’Homme me dégoûte, m’énerve, m’horripile. Je l’aime pour ses forces et ses faiblesses, pour les fantômes qu’il fait naître et pour ce qu’il arrive à faire de son Présent… Lorsqu’il ne se contente pas d’être médiocre…
C’est avec grande joie que je perçois à quel point l’Humanité est méprisable et si peu attentive… Mais, je veux ce monde autant mien que possible. Non pas dans le but de le changer, il ne s’agit pas d’une tentative non plus de contrôler quoi que ce soit (ce serait une entreprise ô combien inutile et suicidaire !), j’ai simplement un besoin impérieux d’aventures.
Rêver de notre propre réalité, voilà tout ce qu’il nous reste. Pourtant ce paysage qui défile reste irrémédiablement le même…
Et puis, il y a ces autres. Au gré des silences, de ce rythme lent, carbonique. Il y a la moisson des regards et des sourires.
Nous sommes tous fauchés.
Et de fait, riches avec si peu…

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bofffff.... Désolee, je t avais prévenue. Je me devoile, kadija.