lundi, juin 19, 2006

Charisme...

Ce texte comme vous allez le comprendre a été écrit à l'occasion des émeutes dans les cités en France, le point de vue que je retrace ici reste bien en deça de la portée de ce qui s'est passé alors... Pourtant, j'ai essayé avec ce texte très léger de montrer à quel point les gens peuvent ne pas comprendre, ne pas saisir la difficulté de vivre en HLM et surtout d'habiter dans un pays, qui se disant fort d'un certain métissage culturel et ethnique (et cela à raison d'une dimension toute historique), reste profondèment chauvin.

Elles sont bien hypocrites. Culs serrés et petites moues. Cabochardes qui se cachent derrière un parfum plus coûteux que leurs propres vêtements. Les gens qui ont envie d’être riches se sentent. Elles sont donc toutes là à pincer du nez au dessus de la table de pause en secouant vaillamment la cendre de leur Malborlo Light au dessus du cendrier. Elles crachent sur la plèbe. « Voyons mais ils mettent le feu, ils emmerdent le monde », sous entendu, merci aux sauvages qui se sont incrustés en France. Moi ça me donne des humeurs ce genre d’expressions de la bêtise. Je me tourne vers la poule qui a ouvert la bouche, hausse un sourcil et lui offre un coup d’oeil des plus dubitatifs. Je sais à cet instant qu’elle se sent très conne. Elle ne se remettra pas en question, oh ça non ! Allez pensez une pintade… Mais ainsi est fait le désir de séduire d’une femme à tout prix : lancez lui un regard perplexe quand elle balance une ânerie et elle ne saura plus où se mettre, là où, avec une de ses congénères, elle aurait sorti ses griffes et défendu son droit de liberté de penser et d’expression . Mon Dieu. Bon ok, ils brûlent des voitures et alors ? Faut bien essayer de comprendre pourquoi ils le font non ? Ok, ok, c’est mon vieux côté gaucho qui ressort à à peine 24 ans, mais qu’est ce que vous voulez ? J’ai été éduqué comme ça moi… Et puis mépriser des êtres humains à ce point, c’est pas pensable. Moi, je la comprends la poule, je sais pourquoi elle est aussi conne, je peux donc l’abhorrer en toute quiétude… Mais ceux qui embrasent la ville, est ce qu’elle a essayé de se mettre à leur place une seule seconde ? Non, bien sûr que non …Mais c’est même pas elle et ses copines qui m’effraient… Ca, c’est au travail, un truc que j’oublie dès que j’ai passé la porte. Après j’aime bien retrouvé mon petit monde et je vais souvent boire le thé chez une copine, histoire de me remettre le cerveau à l’endroit. La dernière fois que j’y suis allé, c’est là que j’ai eu vraiment peur. J’y ai rencontré une amie à elle, une vague connaissance pour moi. Mais quel bout de femme ! Il y a de la détermination dans chacun de ses gestes, une sorte de grâce précise. C’est vrai qu’elle me fait de l’effet. Mais pas comme les autres. C’est comme du feu sous la glace cette fille-là. J’en laisse rien paraître alors elle ne doit même pas s’en douter. Je suis très doué pour ça. Tout à l’heure, je faisais du charme à la gloussante et maintenant je me tiens coi. C’est tout moi ça tiens. Heureusement, ça m’empêche pas d’être hachement spirituel. Je les fais rire et c’est ce que je préfère. Quand je vois des filles sortir de leur réserve et se payer une bonne tranche de rigolade. (rien à voir avec du gloussage, de toutes façons, ces filles ne savent pas ce que ça veut dire rire). Mais, trio boiteux oblige, quand on n’a rien à se dire, on parle actualité. Moi je dis dans trois mois tout le monde aura oublié et on ne parlera plus que des problèmes d’assurance es types lésés. C’est pas grave, allons-y pour notre quart d’heure politique. Qui dure finalement ttrois quart d’heure, une heure, une heure et demi. Je suis épuisé. Ma belle s’époumone, si elle pouvait ouvrir la terre en deux et faire tomber tout le monde dedans je crois qu’elle le ferait.

-Mais ils ont tué des gens ! Tu te rends pas compte, toi ! Ils ont tué une fille, elle était en fauteuil, ils l’ont brûlée vive !
-Combien ? Combien sur tout ceux qui foutent le bordel ? Trois, quatre ? Tout au plus… tu ne vas pas condamner quelques centaines de personnes à cause de ça non ? (tout ça en hurlant bien sûr)
-Et toi, là ! Tu ne dis rien ? (Toi, c’est moi) Et qu’est ce que tu dirais si on cramait ta bagnole hein ?
(Pas grand chose vu que j’ai pas le permis… Je sais je sais à 24 ans ça craint.)
-…
-Alors tu dirais quoi ?
-Ben j’sais pas, j’suis tellement pas matérialiste tu comprends ? J’m’en fous un peu.
-attends , tu vas pas me dire que ça te foutrait pas en rogne ? !Imagine ! Tu passes deux ans, t’en chies pour te payer ta putain de caisse et on te la crame, t’as les boules quand même !(Je ferais jamais ça, j’ai le mythe de la poubelle qui roule aux quatre coins du monde ancré dans la tête, ça c’est mon côté post soixante-huitards moisi, on se refait pas…)
Bon, j’essaie de me mettre à ma place si je faisais ça.
-… Ben, j’sais pas. J’m’en fous.
-Non, non, non !!! Là, je peux pas le croire. Admettons que t’aies pas pris une assurance tout risques (!), tu vas devoir allée au tribunal, tout ça… Alors tu essaierais pas d’intenter un procès à ceux qui ont brûlé ta voiture, si jamais on les retrouve ?
-…
-Non, ne me dis pas que… Mais c’est dingue, ça !
Timide avancée de ma copine Linda …
-Tu sais, si ils crament des caisses comme ça,n c’est qu’ils ont leurs raisons, c’est pas gratuit !
-Ah oui ?! Et moi est ce que je vais en brûler des voitures ? Moi aussi, j’ai vécu en cité au Mirail et même dans une baraque, il faisait 9° l’hiver ! Alors, moi, est ce que je mets le feu, hein ?
Nous voilà partis dans le concours de souffrance ! Ce que je déteste ça ! Je vais éviter de le dire, ça servirait à rien, ou plutôt ça envenimerait les choses. Il faut laisser la colère se dévider. Il faut qu’elle s’épuise dans sa propre peur… Ces réactions sont si violentes que ça ne peut pas être ce qu’elle pense… Ce n’est pas possible…
Maintenant, il y a comme un silence de mort entre chacun des mots qu’elle prononce.
-Et puis, si ils sont pas contents, ils ont qu’à retourner dans leur pays ! C’est vrai quoi ! Tu connais la proportion de la population maghrébine en France toi ?
-…
-C’est énorme et on est en France merde !
-…
-Avant le symbole, c’était un type avec une baguette et un béret, maintenant ça va être quoi ? Une nana avec une djellaba ? et puis après tout, ils avaient qu’à pas venir ici !
Là ma toute belle, tu viens de t’enlaidir gravement à mes yeux. Je ne peux pas laisser passer ça, c’est au dessus de mes moyens.
-Putain mais c’est le gouvernement français qui est allé chercher de la main d’œuvre en Afrique du Nord ! Il les faisait vivre dans des maisons en papier mâché !
-Et moi alors ??
Et que je te remette sur le tapis ô combien moi j’ai souffert. C’est fou comme une personne peut perdre son charme quand elle a décidé d’être obtus… J’avais presque envie de l’aimer, de l’aider cette demoiselle en détresse d’ouverture d’esprit. Mais en cet instant bien précis, je me sens juste con et impuissant. Il est passé où mon charisme masculin à deux balles là ?

2 commentaires:

Pico a dit…

Hello Miss,

J'adore ce texte, très crédible en fait.

Juste un petit truc, en fait malgré tout, on sent que c'est une nana qui l'a rédigé, l'introspection masculine manque, à mon sens, de petits détails sur lesquels les mecs s'attardent. En fait j'ai l'impression que certaines descriptions ressemblent fort à ce qu'une nana pourrait résumer.

Mis à part ce détail mineur j'aime vraiment (mais je te l'avait déjà dit).

Au fait, lancer un podcast me gratte de plus en plus, et je me suis dit que faire des chroniques plutôt qu'une émission serait parfait pour le format, qu'est-ce que t'en penses?

Anonyme a dit…

C est difficile d écrire un commentaire sur ça en meme temps tu as les mots qui vont bien pour, je te félicite. Moi je dirai qu une chose la tolérance s 'apprend comme tout le reste.