lundi, juillet 02, 2007

"Il vaut mieux que je parte avec des illusions qu'avec rien du tout." Marie W. le 15 juin 2007, 2h38 AM

Commençons par quelque ritournelle bien mélancolique. Guitare sèche, son épuré, voix douce.
Le café passe.
Le café est passé.
Tasse, sucre, petite cuillère.
Attendre avant la première gorgée.
(Ne pas penser à Delerm, père ou fils, peu importe)
C'est trop chaud.
Enfin... C'est cette première gorgée qui déclare ma journée ouverte.
Et je fais déjà traîner en longueur.
Cigarette.
Le Fleur du Païs, c'est vraiment pas bon.
Mélangé avec le café, j'ai l'impression d'avoir la bouche plâtrée de quelque chose qui s'apparenterait à de la crème pour pieds secs.

Je vous le dis tout de suite : N'essayez pas, c'est dégueu.

Tergiversations, dilemne cornélien : prendre une douche ou ne pas prendre une douche?
Allez, je vais en prendre une sinon je vais être trop en avance.
Il faut savoir que depuis tout à l'heure, outre ses préoccupations bien pragmatiques, mon cerveau produit aussi des milliers de moitié de phrases, de bouts de pensées et d'ébauches d'émotions. Si bien que quand j'arrive sous l'eau, je finis par dire à haute voix, comme si m'apostropher réellement allait y changer concrètement quelque chose :

Ta Gueule!

Ca ne marche pas, et j'ai l'impression que mon cerveau est constitué de poissons à l'agonie.
Le problème, c'est que ça sautille encore un peu trop dans tous les sens.

Habillons-nous.
Dehors, il fait moche.
Dedans aussi si vous avez bien tout suivi...
Je me dis qu'au moins, y'a un truc avec lequel je suis en corrélation...
Et en fait, j'arrive même pas à m'en convaincre.

Sac, papier, stylo, livre, portefeuille, clés, portable.
Je n'ai plus de clopes, AU SECOUUUUURS.

Lecteur MP3, changeons de registre. Là, ce qu'il me faut, c'est quelque chose de bien abrasif. Les Stooges.
Funhouse.
Oui, on fait pas semblant, on met du gros sel sur la plaie à vif.

Ooh, I been dirt
And I don't care
Ooh, I been dirt
And I don't care
Cause I'm burning inside
I'm just a yearning inside
And I'm the fire o' life

Passons le métro, marchons au travers des travaux.

Entrons.
Retrouvons le bruit de la photocopieuse, du téléphone et surtout, surtout des talons qui claquent sur le parquet.
Asseyons-nous.
Non, en fait, on avait tout rangé avant de partir vendredi.
Sortir la machine à relier (la relieuse?), les bonnes photocopies. Et : En avant!
On est arrivé avant presque tout le monde bien sûr (la douche n'y aura rien fait), et tandis qu'on a le nez dans les feuilles à photocopier, perforer, relier (encore et toujours, encore et pour toujours), arrive un monstrueux phénomène, qui - on le croyait, on avait foi - avait disparu depuis 20 ans, au moins :

La femme des années 80

Tellement maquillée qu'on pourrait croire que c'est un travesti, et qui porte au bas mot, une bombe de laque dans les cheveux (ça doit être lourd).

Et l'autre collègue de l'accueillir avec un "Oh, mais tu es toute belle aujourd'hui".
Il est malheureusement clair qu'elle est sincère.

Ri-ca-nons.

La femme des années 80 nous dit bonjour en nous vouvoyant. Ce serait presque dégradant (vu l'activité hautement intellectuelle que l'on mène, on se dit qu'on n'a pas droit à autant de déférence) ( se dire qu'on pousse le bouchon un peu trop loin, Maurice) (se dire également qu'utiliser des pubs pour faire des effets humouristiques, c'est has been, si ça a jamais été in).

Réfléchissons depuis une bonne heure (à perforer maintes et maintes feuilles) sur le caractère aliénant du travail.

Regardons Stalactite arriver.
Stalactite, parce que c'est la fille la plus froide qu'on a jamais vu de sa vie.
On complètera le tableau dans l'après-midi avec le constat effrayant qu'elle réussit à être absolument et infiniment égocentrique en n'importe laquelle des situations.

Rentrer entre midi et deux, manger un peu de salade. Regarder un épisode de Grey's Anatomy.
On a plus peur de rien : On vit sa vie amoureuse à travers les personnages d'une série américaine (ah mais c'est fait exactement pour ça, en fait? ah d'accord)
(se dire qu'avec un peu de chances avec ce programme de pause déjeuner, on ressemble presque aux autres filles qui peuplent les bureaux, et pour de vrai, en plus.) (et après se dire qu'on est vraiment pathétique et que notre dignité ne tient plus qu'à un fil)

Reprendre le métro, re-entrer, abandonner l'idée d'appeler des gens pour le dire "waa venez dans notre école qui coûte la peau des fesses parce qu'elle est génialement trop bien" au bout de 3 coups de fil à des minettes totalement stressées par l'approche de leurs résultats du bac.

S'habituer à l'idée qu'on va passer 4 heures de plus à faire des photocopies, se servir un café, faire une blague devant la machine Nespresso, en disant qu'on voudrait bien la machine chez soi mais aussi Georges Clooney avec (ça y est, on leur ressemble vraiment! What Else?), rire crispée d'une énième collègue qui n'a pas la chance d'avoir un surnom (ah ben non on est toujours pas pareil... merde).

J'ai fini la journée.
Je suis rentrée chez moi.
Entre temps, j'ai détesté tous les gens qui étaient dans le métro.

Et j'ai continué à me détester aussi, il n'y avait pas de raisons...



Et sérieux, elle est pas belle, ma vie?





6 commentaires:

xi0ix a dit…

L'aloi des séries.

xi0ix a dit…

L'aloi des séries.

Anonyme a dit…

Allez miss courage dis toi que c'est un job d'été pourris comme on en a tous fait...un jour viendra...une grosse bise pour toi

Bip bip et coyote corporation a dit…

haha.. la t'as le blaireau qui doit te dire, essaye de voir les choses sous un autre point de vu.. ca pourrai etre pire...
ca peut toujours l'etre... Ce qui peut poser souci, c'est que la reciproque est tout aussi vrai.

Anonyme a dit…

Hahaha ! Vive toi ! bon j'espère que tu vas mieux que quand tu as écris ça quand même... Un commentaire pour dire : C'est comme ça que j'aime quand tu écris !!! (oui pour ceux qui pensent que je te découvre et que je te juge hativement et qu'on n'en a jamais parlé ensemble, merde !)
Bisous Toi.

émi a dit…

Dou > tu dois horriblement t'ennuyer pour venir me lire quand même :p