vendredi, juillet 20, 2007

Déflagrations d'Ego III

Quand j'étais petite, je vivais à la campagne. Enfin, je dis ça : je dis pas grand chose.

Imaginez, la respiration de la nature, le repos du guerrier.
Avant même d'avoir commencé à combattre.
Enfin non, lutter, j'avais déjà commencé.

Mais, quand même, lutter au milieu des fougères et des fleurs que ta maman, elle te dit que c'est du poison, c'est vachement plus onirique dès le départ que les pots d'échappement et le bitume.

Mais en fait, le bitume c'est poétique, surtout quand il pleut ou quand il a plu. Ils te font comme des miroirs opaques de toi-même.

J'en ai pris des photos même tellement je trouve ça beau, un ami à moi, pour se moquer, il a dit que c'était des photos de trottoirs mouillés.
Je lui en veux pas, je l'aime bien quand même.

Et puis, des fois, quand j'étais petite, avec mes parents, on allait chez des amis qui vivaient en ville.

On allait à Lyon, la terre où je suis née (à la clinique Montplaisir - ça s'invente pas ), je me souviens qu'à chaque fois, je savais qu'on était arrivé parce que y'avait des grands ponts en béton au dessus de la rocade, et que ça voulait dire qu'on était dans une ville, une vraie grande ville.
Et j'adorais les voir ces passerelles.

C'était elle qui marquait mon retour aux origines, même si je ne les empruntais pas (surtout parce que je ne le pouvais pas).

Quand j'étais gosse, j'étais fière d'être née à Lyon, fière de l'héritage d'être née dans l'ancienne capitale de la Gaulle.

Je pense que j'aurais été moins fière si j'étais née dans notre capitale actuelle.

L'Histoire me rendait l'espoir d'une grandeur passée et donc intacte.
Du moins, c'est ce que je me disais quand j'étais petite. Peut-être pas comme ça mais pareil quand même.

Je me souviens aussi des embouteillages, chose qui me paraissait absolument incongrue.
Je ne comprenais pas pourquoi ça énervait tant mes parents, moi, ça m'émerveillait.

Je trouvais ça génial.

Être là, coincés pour un temps indéfini, dans un voyage qui semble ne plus vouloir arriver à son terme.

Les embouteillages, c'est le contraire de la Mort.

N'empèche que si je vous raconte tout ça, c'est parce qu'hier, je réussissais pas à dormir.

Pas de souci particulier pourtant en tête, juste cette insomnie injuste.

Alors je me suis mise à penser qu'il faisait trop chaud.
Et j'ai relevé le rideau en métal de ma porte-fenêtre (chacune des pièces de mon appartement donne sur un balcon), aaaah cette lumière jaunâtre qui a empli ma chambre...

Tandis que je me demandais quelque peu anxieuse si les gens pouvaient distinguer mon corps nu (et alangui - forcément) puisque j'habite au premier étage, je me suis mise à écouter patiemment les bruits qui me parvenaient de ces gens (qui en fait - j'ai réalisé - n'en avaient rien à faire que je sois nue, ils avaient autre chose à foutre.)

Et j'ai pensé à quand j'étais petite et que le moindre bruit citadin avait sur moi un effet chimérique extrêmement dense.

Ce serait difficile à décrire cette impression.

Tout ce qu'il y a en retenir, c'est que maintenant que je suis grande, j'écris un roman rien que sur elle.

Sur un garçon, pas très grand, mais plus très petit, et une histoire de caillou, de haine et d'amour.

En attendant, j'ai bu et je suis fatiguée alors je vais aller me coucher.


En espérant ne pas dormir...





4 commentaires:

mlys a dit…

Emi

J'aurais aimé te connaître "petite" parce que je suis sûre que j'aurais aimé tes yeux émerveillés et ton air curieux regardant partout ...

Hâte de lire l'histoire du caillou, de la haine et de l'amour...Une folle imaptience !

Au lit tôt ce soir pour te reposer ! Je t'embrasse ma merveilleuse.

Bip bip et coyote corporation a dit…

:)... les cailloux ca me rappelle Cabrel (arf les liens qu'on fait d'une personne a l'autre c comique).
Sinon oui, ton regard transforme le monde comme l'autre qui disait un truc du genre "la beaute se trouve dans l'oeil de celui qui la contemple" c t quelque chose de ce genre ;)

Anonyme a dit…

c'est beau... mais ce serait plus beau si tu avais écrit : " C'était elleS qui marquaiENt mon retour aux origines, même si je ne les empruntais pas (surtout parce que je ne le pouvais pas). "
héhé... J'arrête ça, promis.

émi a dit…

Mlys : t'es un ange :)

Yves : "Que l'important soit dans ton regard et non dans la chose regardée"
C'est de Gide, ça, voilà voilà.

Dou : continue et ce sera toi qui sera obligée de corriger mon manuscrit, c'est tout ce que j'en dis, hein.