mardi, novembre 21, 2006

Ca va et ça vient comme on dit. Je ris, je parle, j'évoque des anecdotes légères, des histoires plus graves, des mots qui m'ont blessée, des silences pesants et des sourires francs. J'écoute aussi, j'écoute parce ce que ça me fait du bien, raconte-moi une histoire maman/ma meilleure amie/mes cop's/ma vague connaissance, raconte-moi que les choses sont normales, et qu'elles vont être bien répertoriées dans le schéma habituel de mes pensées, de mes émotions. Prends rendez vous avec le docteur, essaie de ne pas te sentir coupable parce que tu n'as même pas besoin d'un examen gynécologique. Tu as eu de la chance. Regarde l'homme au visage ravagé dans la salle d'attente, qui pleure en sortant du bureau de l'infirmière, qui attend son tour. N'essaie pas d'imaginer ce qui lui est arrivé à lui. Mais, à quoi bon? Tu es toujours rattrapée par ton besoin compulsif de prendre aux autres, de te nourrir d'eux, écrire la détresse dans ses yeux, le regard complice que vous avez échangé. Mais, as-tu vraiment droit à cette connivence?
Note que chacune des personnes auxquelles tu t'adresses pense toujours qu'ils étaient plusieurs à t'agresser. Une seule seulement, ce n'est pas suffisant?
Ta mère qui te demande pourquoi tu ne l'as pas appelée plus tôt. Au moment où cela s'est passé, elle fêtait son anniversaire avec ta tante, nées le 18 et 19 novembre à un an d'écart. Impossible de gâcher ça. Et écoute ta mère qui esquisse des pleurs au téléphone, non, maman, ne pleure pas. Je ne veux pas qu'elle souffre, je ne veux pas.
Finis par appeler ton père parce qu'il le faut, parce que ta mère te le demande surtout, et cette question qui revient, lancinante, à laquelle tu ne veux pas répondre mais si, tu finis bien par le dire que oui, tu as essayé de te débattre et de t'échapper, bien sûr, que tu t'es débattue.
Avec en aucun cas la moindre idée de ce que je suis censée faire, de comment je suis censée réagir. Avec le désir furieux et par moment implacable de sombrer littéralement dans le déni. Mais, la présence d'esprit -salutaire?- de te dire que non, ce n'est pas la solution, vous comprenez, il faut accepter, sinon eh bien il paraît que tôt ou tard, ça va me retomber sur le coin de la figure, genre méchante implosion ou explosion, tout dépend du style que vous affectionnez. Excusez moi mais je ne sais pas encore quelle est la tendance du moment, je vais attendre la collection automne-hiver de La Redoute, ça va sûrement m'éclairer.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

il n'y a rien d'approprié à dire à ce que tu as vécu ! ni à comment tu l'écris
.

Anonyme a dit…

Ta chute semble rassurante. L'humour froid dont tu fais preuve est déjà une prise de distance. Mais dans tous les cas, tu as raison, va falloir "accepter" histoire de pas foutre ce trauma, car c'en est un et pas des moindres, dans une cocotte minute qui te pètera à la gueule.
Facile à dire hein ? Rien n'a de sens. Je te souhaite bon courage, et de te faire du bien, pour panser. Pas pour penser.