vendredi, octobre 20, 2006

Maladresses

Au début, je ne savais pas que j'étais rêveuse, déjà gamine, j'avais des épiphanies... Plus ça va et plus je me rends compte que lorsque je suis illuminée, cela fait écho à des instants particulièrement intenses de mon enfance. Moments intenses sans aucune raison, juste un état particulier... C'est une mémoire sans âge, sans espace, sans contraintes. Que ce soit quand j'avais 5 ans ou aujourd'hui presque 22, je retrouve cette incroyable sensation d'être en vie, au monde, en communion avec ce qui m'entoure. Et, je n'ai pas besoin de la nature pour ça, puisque le plus beau souvenir que j'ai se situe sur un pont au dessus d'une quelconque rocade (que je traverse à chaque fois que je dois aller travailler).
A l'école primaire, au collège, on me disait souvent que j'étais distraite, que j'étais ailleurs. Et moi, je ne comprenais pas pourquoi on me fustigeait pour ça, je ne savais pas que ce que j'avais n'appartenait pas à tout le monde... J'ai été éduquée en grande partie par les livres, les romans que ma mère lisait et que je prenais dans sa bibliothèque. Je n'ai jamais vraiment lu de livres pour ados, j'ai commencé très tôt à étrenner la littérature... Je ne peux pas expliquer clairement quel impact elle a eu sur moi, tout ce que je sais, c'est que ces derniers temps, j'ai de plus en plus de réminescences de mon passé et que cela touche en grande partie à ce qui a découlé de mes lectures. Moi qui me plaignait toujours de ne pas avoir de mémoire, de ne pas me souvenir de la personne que j'étais deux mois à peine auparavant, là, pour la première fois, j'ai le temps d'apprendre de qui je suis. D'apprendre
aussi de qui j'ai été. Les souvenirs affleurent et me prennent en tenaille. Je me rends compte d'à quel point la littérature a façonné l'être que je suis aujourd'hui.
Je suis éprise de vérité, je ne peux rien cacher. Il faut que les choses soient dites telles qu'elles sont au plus possibles, et si je ne suis pas bien comprise de la personne avec qui je parle, je rentre dans une peur panique de la décevoir, de n'être pas en phase avec elle et surtout, surtout, d'être prise en défaut. Quand j'écris, je voudrais dépeindre ce que je vois au plus vrai ou au plus juste, au moins. Peut-être que cela ne repose que sur un habile mensonge que je me suis fait et qui m'éclate aujourd'hui au visage : j'ai toujours cru que comprendre m'aiderait et récemment je me suis rendue compte que comprendre n'était pas si utile que ça... Comprendre pourquoi j'ai mal ne supprime pas la douleur, comprendre pourquoi deux êtres peuvent s'offrir la liberté et ensuite s'emprisonner dans la haine ne changent pas le terrible résultat, comprendre pourquoi je suis heureuse ne m'aide pas à le rester ni à y revenir... Alors, que me reste-t-il à faire de tout ce que j'observe, de tout ce que je ressens? Ecrire...

Je n'ai pas appris à danser. Parce qu'on ne m'a jamais expliquée que je pourrais être gracieuse. Que c'était quelque chose qui était en moi et que je pouvais libérer. Heureusement, pour moi, la Grâce a pris une autre forme.
Et par moments, je me sens encore bien trop maladroite pour esquisser des pas, appliquer des mots à ce qui semble important, parce que c'est avec eux que je donne du sens au fait que je respire. J'ai tellement, tellement peur de me décevoir...

Chanson pour déprimer. :)


1 commentaire:

Thiuthiu !! a dit…

maladresses,je dis mémoires ce texte est plus simple que ce que tu donnes à lire de manière générale
j'ai envie de dire qu'il est plus beau en tout cas, tu plonges si aisément en toi-même, tu n'as pas peur, j'ai encore très très peur de moi-même bref voici ce que ça m'évoque

sonnet II

quel temps décousu.quelle fragilité
le papier d'alu.recouvrir le dîner
c'est le ciel qui reprend des couleurs
dessinage fluo i déborde petite soeur

mon grand-père inconnu.la tombe et le cierge
choeur, arpèges à la césarienne princière
calme iodé et tourmentes marines
tout ton charme dans l'adrénaline

parfums rouges avancés loin dans l'âme
la vie simple.le bonheur plisse mon crâne
c'est du sang bleu qui trace dans vos veines

qui jamais, ne prit en les miennes
petit-fils perdu,fils et frère par deux fois
introuvé,que feront le temps et la mer de moi ?