dimanche, juillet 09, 2006

Nuits grises - Part Three


Je voudrais m'arrêter d'écrire des fois. Décider de vivre une vie simple, avoir des enfants, faire un boulot presque satisfaisant. Ne plus me demander à tout bout de champ si je suis vraiment marginale ou si c'est juste une impression que j'ai envie de me donner. Quand on commence à avoir une certaine liberté de penser, on se pose cette question fatidique (enfin... dans mon cas du moins, c'est vrai), est-ce que c'est moi qui suis complètement frappée de pousser la perception que j'ai du monde jusque là? Ou est ce que la plupart des autres restent en deça? Question furieuse d'orgueil... La primauté du regard de l'artiste sur le monde et tout le tintouin, ça pue à trois kilomètres ce genre de problèmatiques. Surtout quand on essaie de se convaincre que rien n'est vertical, que tout peut se cotoyer. Je veux dire que le regard que porte la ménagère de moins de 50 ans sur la vie est aussi riche que celui d'un grand sociologue. Pour sûr, les deux ne nous apprennent pas des choses du même accabit. Pourtant, c'est toujours la même histoire : tout dépend du point de vue que l'on adopte dessus. Il n'y a rien de condescendant à regarder la bêtise humaine comme telle. Ce que je veux dire, c'est que les gens sont bêtes, c'est un fait. Est ce qu'on va encore longtemps palabrer dessus en espérant se changer? Ou se complaire dans un désespoir outré? Elle est naturelle, cette bêtise. C'est la peur. Et moi, je la comprends cette peur. Je supporte plus qu'on me rabatte les oreilles avec des putains de clichés qui te font croire que tu peux accéder au bonheur. Le bonheur, c'est la politique de l'autruche. Attention, hein, petite précision, chers amis internautes de tous poils : je suis tout sauf une fille rabat joie, je ris tout le temps (même trop, même quand c'est triste, même quand la réaction des plus appropriées serait de pleurer), l'humour, c'est pas un masque, c'est ma seule arme... Alors, non, je ne suis pas dépressive, je n'élève pas des corbeaux morts, et si je porte beaucoup de noir, c'est parce que ça amincit ma silhouette. Mais, le bonheur, merde, c'est n'importe quoi. C'est comme l'amour tiens, on dirait que ça a été inventé juste pour nous donner un but qui mélange à la fois charnel et spirituel (manque plus qu'un peu de vénalité dans l'histoire et on a tout ce qu'il faut là) et qu'on ait l'impression de mourir moins con sans rien savoir de la vie juste parce que vous comprenez, on a "aimé" (laissez moi le gerber un peu ce mot). Alors, oui, moi je la comprends la peur. On a inventé un mot pour ça : l'absurdité. Je me souviens, des fois, je me levais le matin et encore abrutie de sommeil, après avoir avalé un café (ou pas selon le temps qu'il lui était resté imparti), j'allais prendre un train. Je me souviens encore de cette sensation saisissante que j'avais ressenti à l'aube d'un jour plus commun tu crèves et qui ne m'a pas laché depuis : je suis arrivée devant la gare et je me suis demandée pourquoi il y avait des parkings. Je sais pour quoi il y a des parkings mais je ne sais pas pourquoi... (Je tiens à préciser qu'à ce moment-là, je n'avais pas encore lu La Nausée de Sartre, que je n'ai toujours pas fini, je crois que cela me ramène trop à mes propres égarements...) Je crois en tout cas que là, ça a été tout simplement le début de la fin. Mises bout à bout, nos vies elles ne ressemblent à rien, tout le boulot, ce qui nous fatigue le plus, c'est d'y trouver une cohérence à ce joyeux bordel. Et ben, les gens qui vivent, qui font des gosses et qui bossent comme des connards, ils ont pas le temps de se crever à réfléchir à tout ça. Et moi qui végète, j'ai pas envie d'en trouver du sens à leur place aux gens. Parce que il y en a pas de sens, que tout est une course effrenée vers le néant et que même l'immobilisme est encore un mouvement vers la dénégation.

1 commentaire:

Pico a dit…

Et sinon ça va?