jeudi, mai 31, 2007

Entre nous, il y a vous

Clique ici.

Ce serait comme une histoire de gens séparés, à l'intérieur et pour de vrai en même temps.
Deux jumeaux, même sexe,
je est un autre
l'autre, c'est un peu moi
Ce serait elle, au milieu, ingénue.
Un instrument de mort, de vie, comme le sont certaines femmes.

Entre nous, il y a toujours vous.
Ce vous qui froisse, qui étire, écartelle jusqu'au basculement.
Comment fusionner, avec un vrai autre, quand on est déjà deux?

Entre nous, il y a toujours cette différence inaltérable, irréductible.

Et si on s'effleure, à peine, on peut s'estimer heureux...

mardi, mai 29, 2007

In Cauda Venenum

Il la regarde, de cet air qu'elle n'aime pas. Il frissonne d'une rage qu'elle connaît par coeur. Toute cette énergie contenue jusque lors, la brutalité qui ruisselle de chaque membre de son corps comme la sueur qui coule le long de son dos, sont prêtes à s'exprimer. Elle a peur et elle a honte, de se sentir si démunie face à sa colère. Etre désemparée à ce point, ça n'a pas de nom, cette passivité, cette impuissance, elle n'a plus de choix à se donner. Il se tient face à elle, plante un regard équivoque dans ses yeux, elle voudrait détourner le visage, mais elle ne peut pas, elle ne peut pas se résoudre à fermer les yeux, elle veut savoir, elle veut comprendre. Il se rapproche un peu d'elle, lui passe une main adoucie dans les cheveux, il lui sourit férocement, lui dit qu'il l'aime, malgré tout. Elle se retourne lentement, farouche, joue ses cartes à elle. Il est presque totalement contre elle maintenant. Leurs respirations s'accélèrent, leurs souffles s'entrechoquent.

Ils jouissent presque en même temps.



In Cauda Venenum : Dans la queue le venin.
Le venin du scorpion est renfermé dans sa queue. Cette circonstance fit naître chez les Romains le proverbe in cauda venenum ; ils l'appliquaient à la dernière partie d'une lettre ou d'un discours, qui, débutant sans fiel et sans malice, ne caressait d'abord que pour mieux frapper ensuite.
CF http://www.abnihilo.com

lundi, mai 28, 2007

Il a des yeux...

Faut-il dire, encore, combien était impromptue cette rencontre?

Peut-être pourrait-on dire que n'importe quelle rencontre recquiert d'une bonne dose de hasard, mais si elles sont sûrement inattendues, c'est parce qu'on ne le savait pas encore - qu'on les attendait.

Impromptues donc, comme un fil casse, or on peut s'attendre à ce qu'un fil se rompe, un fil finit toujours par se rompre, ce qu'on ne connaît pas, c'est l'instant, cette seconde où cela arrivera, on peut essayer de l'ignorer ou pronostiquer, redouter, espérer, faire des diagrammes et des pourcentages, pour avoir l'illusion de maîtriser, d'ordonner, pour croire en quelque chose de rationnel, de logique, on peut aussi prendre les choses à l'envers, tout nous a amenés là, et trouver la part manquante de sens après coup, et là, soudainement, c'est le destin.

On peut aussi bien jouer sur les deux tableaux, et tout mélanger, s'ériger en prophète et faire de son métier l'aléatoire.

Après tout, le temps a ses raisons que le temps en personne ne connaît pas.

Impromptue donc et on ne peut plus délicieuse cette rencontre.

Ils pourraient être en train de siroter n'importe quoi, lui un bourbon, quelque chose d'habituel, un rituel bien ancré et confortable, suffisamment présent dans son esprit comme tel pour qu'il éprouve une certaine sympathie à l'égard de tout son environnement, il répondrait alors c'est parfait à la jolie serveuse qui s'occuperait de lui.
Elle, ça serait l'inverse, définitivement fantaisiste, elle aurait choisi à cause de son humeur et de la chaleur quelque chose de frais et de plutôt sucré.

Ils sont à quelques mètres l'un de l'autre et pourtant ils ne se voient pas, il a les yeux perdus dans le vague, goûtant la chaleur qui l'envahit à chaque gorgée, elle contraste nettement avec celle enveloppante de ce début, faramineux, d'été.
Elle, elle est concentrée : elle est plongée dans une étude très poussée des différentes couleurs de son cocktail, qui sont à vrai dire plus plaisantes à regarder qu'à goûter.

La musique ne serait ni mauvaise, ni bonne, un disque de jazz sans prétention aucune, vivant et langoureux.

Leurs verres vides, ils auraient chacun jouer avec leur glaçons et poussé un soupir de soulagement.

Encore une journée d'achevée.

Certains se disent, par la suite, qu'ils se sont aimés dès le départ, dès les tous premiers instants, recouvrant un hasardeux évènement d'un pratique et sensée étonnement amoureux.

Elle s'est levée pour aller aux toilettes et c'est là qu'il la remarque pour la première fois. Sa démarche est lourde car malgré tous ses désirs aériens, il y a comme une volonté contraire de son corps de se river au sol, de s'y enraciner à chaque pas.
Du coin de l'oeil, il la regarde donc évoluer jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière les portes à battants. Et ça y est, l'attente a commencé, sans même qu'il s'en rende compte, son regard reste fixé sur son absence.
Lorsqu'elle revient, elle semble tellement perdue dans ses pensées, qu'il a tout le loisir de découvrir ses traits et ses formes, qu'il les détaille sans même se soucier d'être pris la main dans le sac...
Suivant une trajectoire inexacte, elle oblique inopinément et vient se poster au bar juste à côté de lui.
Et se retournant vers lui, elle lui offre un sourire ni aguicheur, ni crispé, juste franc.
Il se demande angoissé si elle l'avait déjà remarqué auparavant, lui répond donc un peu surpris, et lui adresse un ça va plus inquisiteur qu'interrogateur sa voix muée par l'appréhension.
Son rire éclate, l'obligeant, lui, à se justifier.
-Je... Je suis désolé, je n'ai pas vraiment l'habitude de ça...
Elle rit à nouveau, sans pudeur, elle le regarde et se laisse surprendre par la douceur de ses yeux sombres et la virilité qui émane de lui, naturellement. Elle décide qu'elle a envie de le croire, envie de croire qu'elle est cette "occasion" unique, sans précédent, elle lui dit d'ailleurs : j'ai envie de vous croire.

To be continued (comme on dit par chez nous)...


Le Réel n'a rien à voir avec l'ordinaire.

samedi, mai 26, 2007

What goes around comes around.

Clique ici. Et écoute.

On aura - à mon sens - foulé de nos pieds de grands secrets.
On aura troquer nos envies contre des images d'Epinal, pratiques et faciles.
La redondance, le même discours répêté encore et encore jusqu'à l'extinction des voix, jusqu'à l'extinction des voies aussi bien sûr.
N'importe qui peut réécrire l'histoire, c'est à la portée du premier clampin venu.
Passé l'orage, c'est presque inoffensif, le déni. Le sens prend le pas sur l'absurdité, ça aide.
Ah ce fameux destin, cette rage au ventre, cette suspiscion malhabile, cette responsabilité que l'on doit porter seul, ce flou mythe de Sisyphe.
Oh mais c'est fun, tu t'approches un peu et ça attire l'oeil, ça brille.

Ca donne envie d'être volé, de s'y coller, d'en être sans détour, d'en être lascive.
Ca fait pousser le sourire sardonique, l'envie d'être baisée, ce fin romantisme qui affleure, ce désespoir mélancolique.

Et du bout des doigts, du bout des lèvres, déjà les caresses, déjà le plaisir.

Ah oui! Cette langue(ur) si innocente, si candide...

Je murmurerais bien dans un seul souffle : Encore!

Et cette torpeur des sens! Ces révèlations tardives!

Encore! Encore...

Moi qui croyais ma vertu retrouvée, je suis bien emmerdée.

mardi, mai 22, 2007

Le mensonge est un plat qui se mange épicé... ou 5 jours de tribulations loin de tout.

Elle est insaisissable, inaccessible, elle suit le mouvement inexplicable de la fuite, avec des retours tout aussi perturbants. Tu ne peux pas m'avoir, tu peux juste t'aggriper à cette image mouvante que je veux bien t'offrir de moi.
Lui, il veut que tu lui appartiennes, que tu ailles dans son sens.

Trempée de sueur et de champagne.

La voix qui troue le silence, l'accent étranger devient ta propre langue, ta sale langue, le corps et l'âme, dépassés.
Mes yeux se ferment malgré moi, malgré encore tout ce que je te dois. (l'équité) (à cheval)

Demain, plus tard.

La vanité d'ignorer et la vanité de connaître : l'orgueuil a sa place partout, et donc nulle part.

- Mais toi, tu as un coeur gros comme ça.
- Ta gueule.

Un poids incommensurable sur les paupières, les sens sans cesse en éveil (non, en fait, c'est juste tes règles qui arrivent)

Elle n'a pas choisi ses manières de bourgeoise la pauvre, comme toi, tu n'as pas choisi d'avoir seulement deux mots de vocabulaire... Ah si? ... Ah pardon.

Je n'ai rien appris, les gens sont tous pareils, au bout d'une bouteille de whisky, ils sont tous... pathétiques.

C'est Monaco qui va gagner ce soir.

Goûte cette tarte, je veux te voir jouir.

Il y a tout le temps un enfant pour se mettre à geindre.

On fait attention à moi, vous croyez?
Noooon, moi je ne suis qu'une grande pétasse blonde au corps presque irréprochable pour ses quarante ans, je n'ai même pas besoin de pratiquer la couette ultra serrée pour avoir la peau tendue, mais mes enfants sont ennuyeux, mon mari ne vaut guère mieux et je suis tellement blasée que même mon amant ne m'intéresse plus (pourtant c'est le frère/le père/ le meilleur ami de mon mari), oui, tu sais, on joue au tennis avec sa femme tous les samedi.

Elle est terrible cette solitude que l'on s'oblige à masquer.
Elle marque le passage à cette plénitude qui parfois seulement dans l'ombre peut évoluer. Comme des voluptes de fumée, précises et gracieuses, ténues et fières.

Laissez fuir les jours comme des rêves (des cauchemars).

Laissez moi tranquille, je ne suis rien, tout ce que je veux, c'est ECRIRE.

Ne m'en voulez pas.

-
Je peux te présenter un éditeur si tu veux.


(Shakespeare avait raison)

Il joue le jeu avec tout le monde, ce grand guignol, ce gourou du faux-rire.
La placidité en plus, hein, sinon ça ne marcherait pas.
L'assuré de sa méthode, le garant de sa sagesse, en malus ou en bonus, finalement, ça dépend de ce qui compte pour vous, n'est-ce pas?
Pavoise petit vieillard croûlant, demain, tu seras mort sur les routes tortueuses et escarpées d'Auvergne, tes yeux se fermant de fatigue de t'être tant amusé, tu auras raté un virage, connement.
Ta Golfe est foutue et toi, tu chantes ta sérénade aux anges, qui sont bien compatissants (cela va de soi) mais ne t'écoutent absolumment pas. Il faut ce qu'il faut.
Heuresement que tu n'as aucune décence, car tu pourrais en prendre ombrage.
Et tous ces gens, toutes ces belles femmes, et ces hommes puissants qui te prennent pour un héros, tristes, tristes à mourir.
Et sous le vernis de la farce qui se craquelle, apparaît lentement (mais ô combien sûrement) l'homme de peu de foi que tu es - que tu étais, car tu es maintenant au Paradis, de ça, tu peux en être sûr.

- Maintenant, ils font même de l'eau modérée.
- Non, non, c'est tempérée.
- C'est pareil.

Les gens sont (vides).

Les différentes saillies de mon langage sont juste là pour te rappeler que tu es définitivement insignifiante.

Et puis, jusqu'ici rien.

jeudi, mai 17, 2007

"Ce n'est pas pour devenir écrivain qu'on écrit. C'est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour." Christian Bobin

Perdre l'idée de respirer.
Le manque, comme avoir soif d'eau et ne plus y prendre goût.
Le manque comme un évanouissement tragique de la foi.
Et soudainement...
Un pas après l'autre, danser au dessus du vide.
Délier les mouvements, rechercher la grâce.
Les basses qui cognent, et la frénésie.
Le mouvement absolu, ton coeur comme une corde tendue traversant le néant.
Ca te transporte bien plus loin que tu ne pourrais l'imaginer, les entrechats et l'émotion qui se tord, qui te tord.

Cet enivrement d'être au monde, d'une pureté assassine.

mardi, mai 15, 2007

allez hop, j'm'fais pardonner

parce que ça, c'est chouette :)

dimanche, mai 13, 2007

Pour Marie...

C'est pour toi, rien que pour toi, oui.
Ouh, qu'est ce qu'on va s'éclater cet été :))
J'y t'aime ma doute.



Mon Dieu... C'est quand même horrible ce machin.

Ah j'avais oublié, ça aussi :



Jusqu'au bout, hein, jusqu'au bout :))

A la charnière



Rentrée au petit matin.
Les rues sont comme ma tête pour une fois.
Avec cette lumière étrange, ambigüe.
M'étaler sur mon lit.

Penser au personnage de Kafka qui espère quelqu'un qui ne viendra sûrement pas.

Je préfère le manquer en l'attendant.

Guetter l'absence comme on est vivant, comme on se rend vivant.

vendredi, mai 11, 2007

Talk Show Host

Aux évidences du désir, je ne réponds rien.
Je me laisse balancer...
Je m'oublie un peu, ravie. Un peu seulement.
Il y a ce rêve impossible, ce rêve imbécile de fusion.
Faible ou vaillante, mais jamais abandonnée.
Il y a comme des masques qui se superposent, comme des troubles de la respiration, des ratés.
Mon coeur est un disque rayé, et mon corps se charge de toujours me le répêter.
Les regards, l'intensité, et l'immersion.
Souvent avant, rarement pendant, égarée finalement.
Il y aurait ces milliers de choses à entendre avant de m'approcher.
Mais qui a le temps pour ça?
Qui a du temps pour l'étreinte?
Qui a le temps d'une avidité sans cesse renouvelée?
Eux, ils le disent mieux que moi. Et plus simplement encore.

Radiohead - Talk Show Host (Si tu cliques, tu pourras l'écouter le morceau aussi)
I want to
I want to be someone else or I'll explode
Floating upon this surface for the birds
The birds
The birds

You want me?
Freaking well come and find me
I'll be waiting
With a gun and a pack of sandwiches
And nothing
Nothing
Nothing
Nothing

You want me?
Well come on and break the door down
You want me?
Freaking come on and break the door down
I'm ready
I'm ready
I'm ready
I'm ready
I'm ready
I'm ready

Et tout est là dans cette ambiguïté. Je te tuerai ou je t'aimerai, peut-être un peu des deux, mais montre-toi...

jeudi, mai 10, 2007

On sait quand ça commence, mais on ne sait pas où ça s'arrête...

Enchaîne, chérie.
Cale Sèche, le verre de rhum arrangé à 2€.
Banane, papaye, noix de coco, fraise, framboise, ananas, gingembre, figue, j'en passe et des vertes et des pas mûres et des meilleures.




















Photo à l'appui, c'est pas que je sache pas faire la mise au point, c'est que je voyais déjà flou.
Parce que ce que vous voyez là : Deuxième tournée.
Nombre des protagonistes : 2.
Première tournée à peu près aussi nombreuse.
Des goûts et des couleurs.

Ce soir ? Champagne.
Ce soir, champagne. Parce que le droit de la propriété intellectuelle retourne à sa place, c'est-à-dire plus dans la tête de Ma Copine, Marie. N'importe où ailleurs, où il veut mais pas là.

Mais oui, mais oui, l'école est finie.

C'est l'été qui commence :) Clique, Maestro.

dimanche, mai 06, 2007

Chronique d'un dégoût annoncé

Comme tout le monde (ou presque), j'ai allumé ma télé à 20h et des poussières.

Depuis, c'est l'hébétude.

Malgré tous les sondages, je ne voulais pas croire qu'il passerait.
Maintenant, c'est chose faite.

Il y a deux notes de ça, je parlais de mon chez moi...

Bagatelle - Toulouse.

A peine une demi-heure après les résultats, des voitures brûlaient. A peine une demi-heure après ces résultats, il y avait 6 camions de CRS postés juste en bas de chez moi (du jamais vu).

Dans l'après-midi, des enfants qui jouaient en bas m'ont demandée avant que je rentre dans mon immeuble si j'avais voté. Je leur ai répondus que oui et je leur ai dit que j'avais voté à gauche.
Ils m'ont répondue : "merci madame"

Je ne sais pas ce qui est le pire.

Ce fameux sentiment d'insécurité que je ressens maintenant. Et que je n'avais jamais ressenti auparavant.

Cette sensation perverse que tout va aller très mal maintenant.

Je suis dégoûtée, écoeurée, meurtrie dans ma chair.

Je découvre à quel point je tiens à mon pays et surtout pour quoi j'y tiens tant.

Je me sens trahie. Véritablement trahie, comme si un ami très proche m'avait fait un gros coup de pute.

C'est peut-être la perte d'illusions, je n'arrive pas à digérer que les gens ne se respectent pas assez eux-mêmes pour élire quelqu'un qui se prend pour leur papa...

Sommes-nous tant en perte de dignité que ça pour en arriver là?

Rencontre fortuite ?

Je suis sortie de chez moi, sac de voyages, sac-à-main (en bandoulière, dernier bastion d'adolescence), les écouteurs déjà vissés aux oreilles. Une après-midi à tuer, mais pas à rester enfermée. Prendre le métro, sur les escalators, à la sortie, un homme m'interpelle. (Mon autisme musical n'a pas raison de son envie de me parler, il est donc diablement courageux)
-Excusez-moi, je peux vous dire quelques mots?
(Ah parce-que c'est pas déjà ce que tu es en train de faire?)
-Désolée mais non, je suis assez pressée en fait.
(Tu ne me plais pas mais alors pas du tout, tu es trop vieux pour moi, tu es presque chauve, et surtout tu as l'air exagéremment gentil mais du genre désespéré)
-Pas longtemps...
-Non, mais je suis prise.
(Oui, je mens extrèmement bien)
-Il a de la chance lui...
(Oui, il en a, c'est sûr, Dieu seul sait où il est et qui il est, mais il en a)
-Bonne journée quand même, hein.
-Merci mademoiselle...
Bon, je remets mes écouteurs, que j'avais quand même enlevés par politesse. J'ai des dizaines de bouquins chez moi que je n'ai pas encore lus, le plus logique, ce serait quand même que j'aille dans une librairie en acheter d'autres (au cas où, on sait jamais).
La littérature est au dernier étage, montons les marches. Pouf pouf. En plus, je prends trop de place avec mon sac. Guidée par mon désespoir, je viens de finir de regarder tous les épisodes de Battlestar Galactica, série TV de Science-Fiction excellentissime s'il en est, je vais donc au rayon fantastique. Il faut en profiter parce que les enfants, je vous le dis, ça n'arrive pas souvent.
J'ai lu il y a quelques années de ça une nouvelle d'Ursula Le Guin qui m'avait beaucoup plue, on va voir si on peut taper là dedans. (Des résumés de bouquins de Fantasy ou de SF, j'en ai lus et relus, mon père et mon frère ne lisent pratiquement que ça mais j'ai jamais accroché sur grand chose, va falloir qu'elle me sorte les grands moyens la madame Le Guin).
A quelques pas, un jeune homme furête aussi. Je le regarde un peu, enfin un peu plus qu'un peu... Bon, il est très grand, ça aide, bon, il est brun, ça aide aussi, bon, il a l'air plutôt mignon, je peux pas cracher dessus et puis bon il sait lire, ça n'est pas négligeable non plus.
Je me reprends, je suis là pour acheter un bouquin, pas un homme, hein.
Je commence à chercher L comme Le Guin, je sens son regard sur moi. Ah ah...
Forcément, le L est au dernier étage tout en haut... Pour arriver à l'attraper, il va falloir que je me mette sur la pointe des pieds... Et que je galère un peu quand même... Un titre d'un des bouquins de la dame m'attire l'oeil : "Les Dépossédés." Ca me plait, ça, comme titre. Ca résume un peu l'état dans lequel je me sens souvent... Dépossédée... Bref, me voilà en train de me jeter à corps perdu vers ce livre... Je sens à nouveau son regard, amusé cette fois. Oui, c'est drôle, je suis petite, tu es très grand. Il me regarde faire, je suis sûre qu'il a envie de m'aider mais avant qu'il ait pu faire le moindre mouvement, je suis déjà en train de regarder la quatrième de couv', je suis vraiment trop forte. Ou trop bête, j'aurais pu lui demander de m'aider, ça aurait été une bonne façon de lui adresser la parole. Bref, je feuillette par ci, par là. Mais bon, au fond, j'ai déjà décidé de l'acheter, rien qu'à cause du titre.
Direction le rayon littérature française, faut pas abuser quand même, il y a des limites à tout. Lui que je surveille du coin des yeux a fait son choix, il commence à descendre les marches pour aller à la caisse, et je sais, oui, je sais, que tout le temps où il m'a encore dans son angle de vue, il me regarde... Et moi, je fais mine de rien (oui oui, je suis définitivement stupide).
Après avoir attrapé une des oeuvres de Maupassant, je descends aussi, je le retrouve à attendre devant la caisse, mon homme... Je lui lance un sourire timide auquel il ne répond pas, puisqu'il était déjà en train de me sourire, de façon un peu réservée... Mais cette caisse-là est fermée, il faut descendre au rez de chaussée, ah bé oui...
Tout en bas, je me retrouve derrière lui, mais malheureusement, une femme à l'air pas commode s'est glissée entre nous dans la file d'attente. Le temps que le client juste devant lui paye, il se retourne vers moi et me fait un sourire, plus du tout réservé, genre le sourire trois fois le tour de la tête... Bon, je souris pareil, il est vraiment charmant, je suis charmée, en fait, je suis vraiment toute retournée...
Quand je sors après avoir payé, je suis toujours un peu déstabilisée... Je m'arrête juste devant la sortie de la librairie, espérant l'apercevoir mais bien sûr, c'est déjà trop tard.
Alors voilà, ce beau garçon, je l'ai dans la tête depuis 3 jours, avec la diffuse sensation que c'est trop idiot et que j'aurais bien pu un peu bousculer les choses, je sais pas, l'inviter à boire un café, lui donner mon numéro...
J'étais tellement retournée en fait que j'en ai parlé à mon psy quelques heures plus tard... Et à ma mère, quand je suis sortie du train...
Il paraît qu'il faudrait juste s'accrocher à la beauté de ce genre d'instants, tu-me-plais, je-te-plais,-on-ne-se-reverra-sûrement-jamais. Mais je vous le dis comme ça, c'est complètement con de pas faire ce pas, de pas dire ces quelques mots.
Pourtant, en y réfléchissant, à avoir senti mon coeur se mettre à battre la chamade, en pensant à son visage... A ce qu'il m'a inspirée en l'espace de quelques minutes, il y a quand même une chose essentielle à retenir, et qu'il m'a offerte sans le savoir :

Je sais maintenant que je peux à nouveau tomber amoureuse... :)

jeudi, mai 03, 2007

Déflagrations d'Ego, encore et toujours.

Je pensais au moment même où je me servais un Picon Bière, oui parce que le Picon Bière, c'est bon, et parce que des fois je pense aussi, je pensais donc que souvent je commence tout comme ça sur une impulsion, trois mots et tu enquilles.

Comme un verre cul sec, les mots, sauf que t'avales pas, je cherche quelque chose de joli, pas cracher, ni vomir, ni éjaculer, pourtant il y a quelque chose comme ça, quelque chose comme du soulagement physique. L'origine des mots, ce serait ça? Un chat dans la gorge qui se transforme en glair, un truc qui passe pas et qu'on doit expulser en gerbe informe, la nécessité mécanique d'une jouissance?

Je peux pas mentir, il y a du ravissement dans tout ça, il y a du plaisir, un putain de plaisir à écrire.

Un soulagement, de la toute-puissance aussi (ah ah, utiliser un article partitif pour la toute-puissance, c'est fun), et si Dieu créa toutes choses, hein, c'est l'Homme qui les nomma, à partir de ce moment-là, Dieu, il avait plus grand chose à faire. Il a sûrement dû déménager dans un endroit où on ne pouvait pas communiquer, ça lui a fait les pieds un peu.

Tout à l'heure, je suis sortie de la pharmacie et j'avais envie de pleurer sans trop savoir pourquoi, c'est ça la dépression, non?

Je suis allée au Leader Price juste à côté, et tout m'a semblée terriblement absurde, j'avais encore envie de pleurer, mais j'ai compris pourquoi : c'est pas moi qui ait un problème, c'est eux.
Et pourtant, je fais comme eux.
Je vais monter une communauté hippie, mais qu'avec des grizzlis.

Ce qu'il y a de génial là où je vis, c'est qu'on peut voir des choses comme ça :



On peut aussi voir sur la fenêtre de mon salon un impact de balle (perdue, ah vraiment?). Il est à ce moment précis temps de bénir le double vitrage.

On peut aussi, quand on sort de chez moi, en fin d'après midi, quand on longe les bâtiments pour aller vers le métro, on peut aussi voir un vieil arabe et un vieux black, assis sur deux chaises, face à face, avec un plateau de petits chevaux sur leurs genoux, en train de jouer.

On peut aussi voir des gosses de 11, 12 ans à peine, débiter des textes de rap, des textes violents et agressifs, qu'ils comprennent à peine, et ensuite les voir redevenir des enfants quand on leur demande leurs prénoms et qu'ils dansent d'un pied sur l'autre en rougissant, terriblement timides. Ils disent comment ils se nomment d'une voix fluette d'hommes qu'ils ne sont pas encore.

On peut voir beaucoup de choses chez moi, pour peu qu'on s'en donne la peine.
Pas seulement des immeubles, pas forcément la confusion, pas uniquement la laideur, ni la crasse. Pas leurs exactes contraires non plus. Quelque chose de plus que ça.
Lives, you know, only lives.

Et là, je me sers un second Picon Bière (j'aurais bien envie de mettre le signe Trade Mark à côté mais je sais pas comment on fait, et au fond, je m'en branle), et puis, je me demande où on va comme ça. La réponse la plus facile, la plus évidente serait "mais nulle part voyons" avec ce petit sourire entendu, que je me garde en réserve pour les grandes occasions où j'ai envie que mon interlocuteur se taise, rien de mieux que de faire croire à une connivence avec l'autre sur quelque chose qui dépasserait le reste de l'humanité pour qu'il se la boucle et qu'on arrête de se dire joyeusement qu'on est bien d'accord sur la même chose, et qu'on arrête enfin! de se masturber mutuellement sur ce fait.

En y réfléchissant bien, j'ai eu le temps de me servir un troisième Picon Bière, et me voilà en train d'allumer une cigarette pour parfaire le tableau.

Cela dit étant, pour vous délivrer de la peur d'un alcoolisme latent de ma part, je ne bois pas seule! Et oui, j'ai un colocataire. (J'ai menti à Hug, il existe, il est réel ou presque, puisqu'il fait partie de cette catégorie de personnes qu'on appelle les no-life, joueur de wow inconditionnel, ceci dit - une deuxième fois - quand il n'est pas en train de jouer à wow, il est en Ariège à préparer la révolution, les no-life d'aujourd'hui seraient-ils les true-future de demain? mwahaha c'est vraiment naze ce que je viens d'écrire).

Hier, j'ai lu deux textes à moi lors de la soirée Pleine Lune de la Cave Poésie. On appelle ça une scène ouverte aléatoire, les membres de l'association ne savent pas eux-mêmes ce qu'ils ont programmé.
Hier, sur scène, un peu éblouïe par les projecteurs, j'ai vu tous ces gens suspendus à mes lèvres, c'était moi qu'ils écoutaient, mes mots qui coulaient fluides, ces mots que j'incarnais. J'ai vu les regards gagnés par l'émotion de ce que j'exprimais.
Hier, je me suis sentie incroyablement bien.
Depuis des heures, je me demandais ce qui avait bien pu me passer par la tête pour m'inscrire là. Pourquoi ces dix minutes de strip-tease textuel?
Hier, j'ai compris tout ce que je souhaitais au moment même où je lisais.
Ce prix que je paie chaque jour pour toutes ces personnes qui n'ont jamais voulu m'écouter, ce besoin immense d'être entendue...

Je prenais ma revanche.

J'allume une seconde cigarette, boire, ça me donne toujours une envie irrépressible de fumer. Paraît que c'est normal.

Et je prends le temps d'écouter Jimi Hendrix.

Clique, chéri(e).

Prends ces quatre minutes, mais alors, prends-les.

mercredi, mai 02, 2007

Aux présents comme aux absents


Ce que je vais lire ce soir...



Vous ne le savez pas, mais je vous connais tous. Je vous ai vus ici ou ailleurs, dans le bus ou dans le métro, dans les multiples supermarchés où je m'arrête. Je vous observe, j'observe ce que vous lisez, ce que vous achetez. Le tapis se déroule et emporte vos vies dans de multiples bips, vous tournez les pages d'un roman que je ne connais pas, d'un journal que je ne lis pas.

Souvent, vous ne vous rendez pas compte du fait que je vous regarde, je veux dire : vraiment.
Quelques sourires esquissés, quelques mots si vous êtes dans une bonne journée ou si vous avez envie de vous extirper d'une mauvaise.

Les bras ballants, en transit, fatigués, pressés, nonchalants, pensifs, fébriles, il est rare que je vous vois vous sourire à vous-mêmes, et pourtant, vous, vous m'en arrachez souvent, des sourires.

Je ne peux m'empècher de me demander qui vous êtes, où vous allez, ce que vous venez de quitter, à contre-coeur ou non?

Je vous invente des vies, des déchirures, des joies, un monceau de pensées contradictoires, tout ce qui nous unit et nous désunit, tout ce qui vous rapproche de moi, tout ce qui m'éloigne de vous.

Je m'attache à de petits détails, vos vêtements, votre façon de vous tenir, de cligner un peu des yeux.

Des fois, je me moque un peu de vous, ce n'est jamais méchant, toujours plein de tendresse...

Vous êtes mes personnages, réunissez en vous tous les tenants et aboutissants des histoires que je me raconte.

Vous êtes les fantômes incarnés des contes que me lisait ma mère quand j'étais petite, vous avez tour à tour des allures de sorcières ou de fées, d'ogres ou de beaux chevaliers...

Et ces fables que je me raconte avec des mots d'adulte, mes mots d'aujourd'hui, n'ont pas perdu de leur merveilleux, ni de leur candeur.

Il n'y a rien de factice, rien d'ivraisemblable, vous êtes vivants. Vous êtes bien réels.

Et vous êtes plein de surprises.

A chaque arrêt de rame, à chaque coin de rue, je les vois, ces connivences mystérieuses, les solitudes dépassées...

Ah oui, je suis une cannibale, je ne fais que de me nourrir de vous, je vous dévore, et j'ai toujours faim.

Insatiable de votre douleur autant que de votre courage, de vos mesquineries autant que de votre douceur...

J'imagine vos histoires, ce qui étincelle à la surface me dérobe à vos secrets, tout en m'en montrant la voie...

Rien n'est simple avec vous, de toutes façons, rien n'est jamais simple avec vous...

Mais, j'aime cette idée : que je découvre les profondeurs humaines en les inventant, en vous réinventant.

Révolus les clichés, ces images d'épinal dont on se gave par lâcheté.

Parce que quoiqu'on en dise... Vous êtes toujours bien plus que ce que vous voudriez nous laisser croire.

Si seulement vous le saviez vous-mêmes...