jeudi, juin 29, 2006

De ceux que j'admire...


Bien qu'aux arts d'Apollon le vulgaire n'aspire,
Bien que de tels trésors l'avarice n'ait soin,
Bien que de tels harnais le soldat n'ait besoin,
Bien que l'ambition tels honneurs ne désire :

Bien que ce soit aux grands un argument de rire,
Bien que les plus rusés s'en tiennent le plus loin,
Et bien que Du Bellay soit suffisant témoin
Combien est peu prisé le métier de la lyre :

Bien qu'un art sans profit ne plaise au courtisan,
Bien qu'on ne paye en vers l'œuvre d'un artisan,
Bien que la Muse soit de pauvreté suivie,

Si ne veux-je pourtant délaisser de chanter,
Puisque le seul chant peut mes ennuis enchanter,
Et qu'aux Muses je dois bien six ans de ma vie.

Joachim Du BELLAY Les Regrets, Sonnet 11

Tranchons dans le vif...

C'est un texte qui a quelques mois, et qui avait été victime d'une vague polémique stupide dans mon ancien blog. J'étudie les Lettres Modernes, et je n'ai pas envie de m'amuser à faire des explications de texte de mes propres écrits. Une chose seulement : C'est un texte qui peut se lire à divers degrés. Chacun des degrés a sa vérité. Il y a une certaine ironie et je me moque de moi-même et de mes névroses dans ce texte... Pourtant, elles sont là, bien présentes alors autant les accepter dans leurs vérités premières aussi...

En ce moment, j'ai constamment une image qui me hante la tête. Il s'agit d'une projection de moi-même, m'acharnant avec un couteau (genre poignard de rituel) sur un espèce d'énorme bout de barbaque, qui me tient lieu d'ego en fait. Ca ressemble à une sorte de foie. Mais un foie tout abîmé, genre cirrhosé le foie, bien maladif avec une couleur toute dégueulasse. Un débris tout boursouflé d'excès et de plaies sanguinolantes. Et moi, je suis là avec mon couteau pour essayer de le tuer, ce putain d'ego. Et je m'acharne parce que le truc, il est bien vivant, il veut pas crever. Il faut savoir qu'il bouge vraiment l'enfoiré, il m'échappe inexonerablement, soubresautant et se substituant à la moindre de mes prises belliqueuses à son encontre. Quand j'abandonne la bataille et que je le caresse un peu dans le sens du poil (si je puis dire), il rend un peu de jus mon ego, c'est amer mais c'est un peu sucré aussi et comme je n'ai jamais eu peur de la soupe à la grimace, je distille tout ca et j'écris.

Il n'y a pas longtemps, j'ai laissé mon cerveau choir un peu et je me suis dévidée de ces quelques lignes :

"L'écriture est une entreprise solitaire. Elle vous soustrait de votre famille, de vos amis, de ce que vous etes vraiment. Vous êtes tout entier à écouter les autres dans l'idée d'en tirer une substance propre à tout ce que votre être aspire : écrire. L'écriture en plus d'être solitaire est indubitablement dans les moyens nécessaires de sa réalisation terriblement égoïste"

Ah oui! L'ego est également un fieffé fouteur de merde, moqueur ou menteur comme vous préférez!


L'écriture n'est là que pour justifier son existence.


En réalité, je ne vis que pour, par et avec moi-même. L'immense poids de culpabilité qui en découle étant assez ignoble, il faut bien que je puisse m'en exorciser un peu! L'écriture est un don de soi. Mes mots ne vivent que si vous les lisez, ils n'ont d'importance que s'ils sont une résonnance pour vous. L'écriture est un acte gratuit, une justification à toute la place que prend mon moi dans ma vie. Je peux être le chantre de l'univers, il n'y a toujours que moi et moi seule qui décide de ce que je proscris, bannis, accepte, adule, aime, hais. Ca prend vraiment à la gorge d'être trop soi-même, de se ballader avec son ego en bandoulière en permanence.


Alors moi, je n'écris pas pour me grandir, ni m'élever, vous comprenez... Mais pour me diminuer...

mardi, juin 27, 2006

En train...

Ce texte, je le dédicace à Ben, que j'ai rencontré dans le train... Je l'ai écrit il y a quelques années de ça... Il y a certaines choses avec lesquelles je suis beaucoup moins d'accord aujourd'hui, le style n'est pas assez soigné à mon goût, il y a des flottements, bref... Il a des faiblesses. Mais, il reste quand même le symbole de toute une époque de ma vie, et le premier texte que j'ai partagé avec cet abruti de Benjamin que j'aime. J'ai même rallongé la fin après l'avoir rencontré, c'est pour dire combien il m'a illuminée... Lisez et vous comprendrez.

Jusqu’où peut aller la tolérance ?
J’aime écrire dans le train. Surtout lorsqu’il fait nuit. Tout est opaque. Les gens lisent des journaux aux thèmes insoupçonnables, ils mangent des chips, des sucreries, et c’est presque aussi dérangeant qu’au cinéma… C’est une atmosphère particulière. Il n’y a qu’une seule chose qui réunisse ces personnes-là : le lieu où ils vont. Distillés en arrêts dans des gares aux noms toujours improbables, le train se vide peu à peu. C’est trop souvent un soulagement car, ici, il est oppressant de n’être qu’un parmi d’autres. Bien sûr, la Solitude trace chacun de nos pas, qu’ils nous mènent en avant ou en arrière. Pourtant, cet univers est plus spécial. La pression se dilue au fil du temps.
Aujourd’hui, j’observe. La fatigue me rend parfois lucide. Et dans cette lumière blafarde, est né un environnement presque studieux. Chacun a trouvé quelque chose à faire, à lire, ou alors, on tente désespérément de dormir, on regarde par la fenêtre… Tout ça pour quoi ?
Pour échapper à la tentation irrésistible de croiser le regard de la personne assise en face de nous ?Ne pas déchiffrer le nom du roman de notre voisine ? Eviter un quelconque contact !
Ne pas s’investir, après tout, nous ne sommes là que pour quelques minutes, quelques heures tout au plus.
On dit que le train est un lieu de rencontre. Alors peut-être doit-on ce silence pesant à la moyenne d’âge ci-présente ? Il est vrai que j’ai connu voyages plus gais. Ce n’est ni l’heure ni le jour pour être joyeux et ouvert. Nous sommes lundi et il est 19h25. S’ils ne lisent pas, peut-être méditent-ils sur leur journée de dur labeur ? Comme j’aimerais parfois briser ces règles, ce consensus de stress et d’énervement. Mais j’en suis aussi victime… Sommes-nous tous en train de devenir fous ?
Voilà que je me pose des questions vraiment stupides maintenant. Aurai-je oublié que le monde quoi qu’il arrive est définitivement absurde ? Voudrait-on me faire croire, voudrai-je –excusez-moi, me faire croire que ma vie a un sens ? A travers les horaires de train, les emplois du temps, les heures de repas à respecter, je me dessine une vie déjà vécue, je m’avoue vaincue d’avance. Suis-je encore trop adolescente pour cela ?
Et si je prenais ça comme un jeu, vous joueriez avec moi ? Je suis étudiante, je travaille, et tous les soirs, je rentre par ce train. Celui-ci est pour la plupart du temps totalement non fumeurs, ce qui a le don de m’énerver. N’y voyez aucune considération politique, c’est juste que je suis intoxiquée jusqu’à la moelle ! Peut-être est-ce dû à l’absence de nicotine mais tous les soirs, dans ce train, je ne suis rien. Je fais comme tout un chacun, je m’occupe et … J’espère pouvoir tuer un jour le monstre de Solitude et de lâcheté qui me paralyse, qui nous paralyse. Quelques rêves qui s’étiolent ne tueront pas l’Espoir. C’est ainsi que je veux vivre. Je veux voir, je veux comprendre. Et je me sens seule parfois. Cette journée qui s’achève m’a vidée, porter le masque social peut étouffer et ce soir, j’ai envie, non, j’ai besoin d’exprimer toute cette souffrance et toute cette dérision joyeuse dont regorge le monde. Je n’ai que mes mots et vous. Jouez avec moi. Ce n’est plus une proposition, c’est une supplication. Où est notre humanité ? L’Homme me dégoûte, m’énerve, m’horripile. Je l’aime pour ses forces et ses faiblesses, pour les fantômes qu’il fait naître et pour ce qu’il arrive à faire de son Présent… Lorsqu’il ne se contente pas d’être médiocre…
C’est avec grande joie que je perçois à quel point l’Humanité est méprisable et si peu attentive… Mais, je veux ce monde autant mien que possible. Non pas dans le but de le changer, il ne s’agit pas d’une tentative non plus de contrôler quoi que ce soit (ce serait une entreprise ô combien inutile et suicidaire !), j’ai simplement un besoin impérieux d’aventures.
Rêver de notre propre réalité, voilà tout ce qu’il nous reste. Pourtant ce paysage qui défile reste irrémédiablement le même…
Et puis, il y a ces autres. Au gré des silences, de ce rythme lent, carbonique. Il y a la moisson des regards et des sourires.
Nous sommes tous fauchés.
Et de fait, riches avec si peu…

samedi, juin 24, 2006

Nuits Grises - Part One

Et si j'ai une inspiration fulgurante là et que je me lève, ça te dérange? Voilà ce que je lui ai dit, il faisait une nuit bien noire ce soir-là... Il n'avait pas dit grand chose : juste, non, vas-y... Alors, je me suis levée, j'ai allumé l'ordinateur et je me suis mis à écrire, j'étais comme folle, possédée par ma plume (bien que cette expression ne reste à cause de la nouvelle technologie que, hum, métaphorique.) Une histoire est née, mais quelle histoire? On me dit souvent que je devrais écrire sur ma vie, parce que j'ai de l'humour et qu'il m'arrive aussi toujours tout un tas de trucs extraordinaires... Le problème, c'est qu'une fois raconté oralement, les souvenirs se dépèchent de quitter ma mémoire. Ils m'ont illuminée un instant, ont ébloui ces autres qui daignent m'écouter et me quittent ensuite. Comme s'ils avaient accompli leur devoir et que maintenant, ils ne devaient plus exister. Avoir une mémoire de la sorte, une mémoire qui fait que quoiqu'il arrive, je ne vis qu'au jour le jour, ça a ses avantages. Ca laisse beaucoup de portes ouvertes à l'imprévu, à l'imprévisible... Pourtant, l'inconvénient, c'est qu'on devient vite en attente, presque accro à ces instants de "magie". Je suis souvent à les guetter, à les espèrer. Non pas parce que je déprime, mais parce que cela m'ouvre incroyablement la tête, c'est comme une bouffée d'oxygène... C'est comme ce soir là où je laissais couler les mots sans discontinuer, où tout était fluide et sans efforts... C'est rare... Alors que souvent dans l'écriture, on se retrouve coincé. Regardez comme je suis attablée au comptoir de ce bar, je veux boire quelque chose mais que prendre? Il y a tant d'alcools différents, de tous les goûts et de toutes les couleurs... Alors, de quoi j'ai envie à ce moment précis, en cet instant t du temps, que me faut-il? Qu'est ce qui convient à mon humeur? Et puis, là, je jette un coup d'oeil angoissé à mon sac. Est-ce que j'ai assez? Oui, d'accord, le problème du financement est essentiel mais tout dépend aussi ce que je décide de consommer... Alors, de quoi j'ai envie?
On attend et on remet à plus tard? J'ai trop bu hier peut-être? Ou alors je crame trop ma vie par les deux bouts en ce moment, et si je m'allumais plutôt une clope? Tout ce questionnement, en vérité, ça ne me tient pas éveillée tant que ça, on s'imagine souvent les écrivains penchés sur leurs cahiers la nuit, le teint livide, un peu de salive au coin de la bouche, éructant de fièvre, de ferveur... Ca, c'est pour la version maudite et bohème, il y a aussi celle de l'Ermite, un gars sain (il est quand même un peu marié et un peu père), qui fait son boulot avec des horaires de fonctionnaire... Et puis, y'a ceux qui savent pas encore comment ils sont censés s'y prendre et je crois bien que j'en fais partie... Pas seulement vis à vis de l'écriture mais peut-être tout simplement de la vie. Je cherche toujours les complications. Les complications parce que comme ça, je ne peux que m'attarder sur des détails, les vices de forme, ces petits vices de procédure qui rendent une situation parfaite totalement ratée, ou inversement qui donnent du charme à quelque chose de complètement cataclysmique. Je ne prends toujours la vie que comme elle est : on apprécie donc ma sagesse, mon détachement... Ceux qui me connaissent savent bien la vérité, eux. Et heureusement... Mais, je suis cette personne-là, prête à tout accepter, parce qu'à regarder ce qu'il se passe autour de moi, l'incohérence est reine alors il s'agit bien de lui trouver au final une certaine logique interne. Je me souviens que cette nuit-là, je l'ai regardé dormir pendant longtemps, ça ne m'a pas apportée de réponses, mais ça m'a apaisée. A bien y regarder, nous sommes absurdes, nous sommes terriblement vains. Puis, j'ai attendu pendant longtemps, très longtemps, j'ai regardé le jour se lever sur mon balcon. Assise, droite sur ma chaise en bois. C'était terriblement inconfortable mais cela me tenait éveillée. J'ai regardé le soleil monter peu à peu, prendre ses droits sur la nuit. J'ai regardé la clarté devenir puis être. Ca ne m'a pas transformée de l'intérieur, ça n'a pas chassé mes démons, je n'ai pas été en adéquation avec ce qui s'opérait sous mes yeux. J'ai réalisé que quoiqu'il arrive, j'étais heureuse, que la lumière me piquait les yeux mais qu'elle réchauffait ma tête, que ma nuit blanche me laissait pantelante de fatigue mais qu'elle m'offrait la perspective de percevoir la vie avec cet espèce de voile brumeux parfois bien plus lucide que n'importe quelle visée objective, que si je ne savais pas quoi faire de moi-même, au moins, je savais bien qu'il fallait que je trouve.

jeudi, juin 22, 2006

La Fête de la Musique et Moi

Voilà, le premier post de vrai "blog", c'est-à-dire un post où je raconte joyeusement ma vie en essayant un tant soit peu de la rendre intéressante... Il va donc falloir a priori que cela soit drôle... Je dirais même que c'est la condition sine qua non. Hier, donc, fête de la musique... De musique, j'aurais surtout entendu la confusion des genres qui s'épanouissaient tous les trois mètres... (et zavez vu, un peu de phrases littéraires aussi pour faire genre, je vis ma vie avec art, c'est merveilleux). Tout ça pour dire quoi? Qu'hier, j'étais complètement ivre, que j'avais envie d'aimer tout le monde, qu'ensuite j'aurais préféré haïr tout le monde, y compris (et surtout) moi-même? L'alcool, c'est pas grand chose... La vérité, c'est cette putain de solitude qui me pèse... Oh comme je l'aime ma solitude... Et comme j'aime cette impression d'être tout droit sortie d'une série américaine de mauvais goût pour teenagers... Mein Gott!
A droite, vous pouvez voir mon air dépité. Dé-li-cieux!
Ces prochains jours, je vais pas bouger de chez moi, je vais écrire un putain de texte, ou du moins en commencer un. C'est tellement difficile de faire que votre vie vous ressemble en permanence... Et des fois, ben vous le voulez tellement et vous prenez tellement pas les chemins qu'il faut pour cela ben, que ça finit par vous échapper! L'hypertrophie du moi, moi, je dis c'est pas gégé.

lundi, juin 19, 2006

Charisme...

Ce texte comme vous allez le comprendre a été écrit à l'occasion des émeutes dans les cités en France, le point de vue que je retrace ici reste bien en deça de la portée de ce qui s'est passé alors... Pourtant, j'ai essayé avec ce texte très léger de montrer à quel point les gens peuvent ne pas comprendre, ne pas saisir la difficulté de vivre en HLM et surtout d'habiter dans un pays, qui se disant fort d'un certain métissage culturel et ethnique (et cela à raison d'une dimension toute historique), reste profondèment chauvin.

Elles sont bien hypocrites. Culs serrés et petites moues. Cabochardes qui se cachent derrière un parfum plus coûteux que leurs propres vêtements. Les gens qui ont envie d’être riches se sentent. Elles sont donc toutes là à pincer du nez au dessus de la table de pause en secouant vaillamment la cendre de leur Malborlo Light au dessus du cendrier. Elles crachent sur la plèbe. « Voyons mais ils mettent le feu, ils emmerdent le monde », sous entendu, merci aux sauvages qui se sont incrustés en France. Moi ça me donne des humeurs ce genre d’expressions de la bêtise. Je me tourne vers la poule qui a ouvert la bouche, hausse un sourcil et lui offre un coup d’oeil des plus dubitatifs. Je sais à cet instant qu’elle se sent très conne. Elle ne se remettra pas en question, oh ça non ! Allez pensez une pintade… Mais ainsi est fait le désir de séduire d’une femme à tout prix : lancez lui un regard perplexe quand elle balance une ânerie et elle ne saura plus où se mettre, là où, avec une de ses congénères, elle aurait sorti ses griffes et défendu son droit de liberté de penser et d’expression . Mon Dieu. Bon ok, ils brûlent des voitures et alors ? Faut bien essayer de comprendre pourquoi ils le font non ? Ok, ok, c’est mon vieux côté gaucho qui ressort à à peine 24 ans, mais qu’est ce que vous voulez ? J’ai été éduqué comme ça moi… Et puis mépriser des êtres humains à ce point, c’est pas pensable. Moi, je la comprends la poule, je sais pourquoi elle est aussi conne, je peux donc l’abhorrer en toute quiétude… Mais ceux qui embrasent la ville, est ce qu’elle a essayé de se mettre à leur place une seule seconde ? Non, bien sûr que non …Mais c’est même pas elle et ses copines qui m’effraient… Ca, c’est au travail, un truc que j’oublie dès que j’ai passé la porte. Après j’aime bien retrouvé mon petit monde et je vais souvent boire le thé chez une copine, histoire de me remettre le cerveau à l’endroit. La dernière fois que j’y suis allé, c’est là que j’ai eu vraiment peur. J’y ai rencontré une amie à elle, une vague connaissance pour moi. Mais quel bout de femme ! Il y a de la détermination dans chacun de ses gestes, une sorte de grâce précise. C’est vrai qu’elle me fait de l’effet. Mais pas comme les autres. C’est comme du feu sous la glace cette fille-là. J’en laisse rien paraître alors elle ne doit même pas s’en douter. Je suis très doué pour ça. Tout à l’heure, je faisais du charme à la gloussante et maintenant je me tiens coi. C’est tout moi ça tiens. Heureusement, ça m’empêche pas d’être hachement spirituel. Je les fais rire et c’est ce que je préfère. Quand je vois des filles sortir de leur réserve et se payer une bonne tranche de rigolade. (rien à voir avec du gloussage, de toutes façons, ces filles ne savent pas ce que ça veut dire rire). Mais, trio boiteux oblige, quand on n’a rien à se dire, on parle actualité. Moi je dis dans trois mois tout le monde aura oublié et on ne parlera plus que des problèmes d’assurance es types lésés. C’est pas grave, allons-y pour notre quart d’heure politique. Qui dure finalement ttrois quart d’heure, une heure, une heure et demi. Je suis épuisé. Ma belle s’époumone, si elle pouvait ouvrir la terre en deux et faire tomber tout le monde dedans je crois qu’elle le ferait.

-Mais ils ont tué des gens ! Tu te rends pas compte, toi ! Ils ont tué une fille, elle était en fauteuil, ils l’ont brûlée vive !
-Combien ? Combien sur tout ceux qui foutent le bordel ? Trois, quatre ? Tout au plus… tu ne vas pas condamner quelques centaines de personnes à cause de ça non ? (tout ça en hurlant bien sûr)
-Et toi, là ! Tu ne dis rien ? (Toi, c’est moi) Et qu’est ce que tu dirais si on cramait ta bagnole hein ?
(Pas grand chose vu que j’ai pas le permis… Je sais je sais à 24 ans ça craint.)
-…
-Alors tu dirais quoi ?
-Ben j’sais pas, j’suis tellement pas matérialiste tu comprends ? J’m’en fous un peu.
-attends , tu vas pas me dire que ça te foutrait pas en rogne ? !Imagine ! Tu passes deux ans, t’en chies pour te payer ta putain de caisse et on te la crame, t’as les boules quand même !(Je ferais jamais ça, j’ai le mythe de la poubelle qui roule aux quatre coins du monde ancré dans la tête, ça c’est mon côté post soixante-huitards moisi, on se refait pas…)
Bon, j’essaie de me mettre à ma place si je faisais ça.
-… Ben, j’sais pas. J’m’en fous.
-Non, non, non !!! Là, je peux pas le croire. Admettons que t’aies pas pris une assurance tout risques (!), tu vas devoir allée au tribunal, tout ça… Alors tu essaierais pas d’intenter un procès à ceux qui ont brûlé ta voiture, si jamais on les retrouve ?
-…
-Non, ne me dis pas que… Mais c’est dingue, ça !
Timide avancée de ma copine Linda …
-Tu sais, si ils crament des caisses comme ça,n c’est qu’ils ont leurs raisons, c’est pas gratuit !
-Ah oui ?! Et moi est ce que je vais en brûler des voitures ? Moi aussi, j’ai vécu en cité au Mirail et même dans une baraque, il faisait 9° l’hiver ! Alors, moi, est ce que je mets le feu, hein ?
Nous voilà partis dans le concours de souffrance ! Ce que je déteste ça ! Je vais éviter de le dire, ça servirait à rien, ou plutôt ça envenimerait les choses. Il faut laisser la colère se dévider. Il faut qu’elle s’épuise dans sa propre peur… Ces réactions sont si violentes que ça ne peut pas être ce qu’elle pense… Ce n’est pas possible…
Maintenant, il y a comme un silence de mort entre chacun des mots qu’elle prononce.
-Et puis, si ils sont pas contents, ils ont qu’à retourner dans leur pays ! C’est vrai quoi ! Tu connais la proportion de la population maghrébine en France toi ?
-…
-C’est énorme et on est en France merde !
-…
-Avant le symbole, c’était un type avec une baguette et un béret, maintenant ça va être quoi ? Une nana avec une djellaba ? et puis après tout, ils avaient qu’à pas venir ici !
Là ma toute belle, tu viens de t’enlaidir gravement à mes yeux. Je ne peux pas laisser passer ça, c’est au dessus de mes moyens.
-Putain mais c’est le gouvernement français qui est allé chercher de la main d’œuvre en Afrique du Nord ! Il les faisait vivre dans des maisons en papier mâché !
-Et moi alors ??
Et que je te remette sur le tapis ô combien moi j’ai souffert. C’est fou comme une personne peut perdre son charme quand elle a décidé d’être obtus… J’avais presque envie de l’aimer, de l’aider cette demoiselle en détresse d’ouverture d’esprit. Mais en cet instant bien précis, je me sens juste con et impuissant. Il est passé où mon charisme masculin à deux balles là ?

mardi, juin 13, 2006

Music - Come always on time...


PJ Harvey / Dress ( Dry )

Put on that dress
I'm going out dancing

Starting off red
Clean and sparkling he'll see me
Music play make it dreamy for dancing

Must be a way that I can dress to please him
It's hard to walk in the dress it's not easy
I'm swinging over like a heavy loaded fruit tree

- If you put it on

It's sad to see
Lonely all this lonely
Close up my eyes
Dreamy dreamy music make it be alright
Music play make it good for romancing
Must be a way I can dress to please him
Swing it sway everything'll be alright
But it's feeling so tight tonight

-"You purdy thang" my man says
"But I bought you beautiful dresses"

Filthy tight the dress is filthy
I'm falling flat and my arms are empty
Clear the way better get it out of this room
A fallen woman in dancing costume

Bjork / I Miss You (Post)

I miss you
But I haven't met you yet
So special
But it hasn't happened yet
You are gorgeous
But I haven't met you yet
I remember
But it hasn't happened yet
And if you believe in dreams
Or what is more important
That a dream can come true
I, I will meet you
I was peaking
But it hasn't happened yet
I haven't been given
My best souvenir
I miss you
But I haven't met you yet
I know your habits
But wouldn't recognize you yet

And if you believe in dreams
Or what is more important
That a dream can come true
I miss you
I'm so impatient
I can't stand the wait
When will I get my cuddle?
Who are you?
I know by now that you'll arrive
By the time I stop waiting
I miss you


Sketches from TV - Part One

Ils la voient tous. Elle entre dans cette pièce. Lumière blapharde, les teints sont crayeux. Tous les regards se braquent, c'est forcé. Les pomettes hautes, les cheveux de jais, longs et fins, qui encadrent ce visage presque parfait au teint délicieusement mat. Dans son regard, il y a la concentration, la bonne volonté, le besoin d'accomplissement. Tout cela lui donne un charisme net, tranché, cette énergie qui se dégage d'elle, et tout cela se découpe précisément, délicatement sur les murs sales, jaunis par la fumée des cigarettes. Elle est convaincue, elle, que ce qu'elle fait est nécessaire, elle a trouvé sa mission. Mais, sa grâce et l'harmonie de son corps, l'exotisme de ses traits lui suppriment toute crédibilité. Peu importe la hargne qu'elle met à la tâche, le courage dont elle fait preuve, peu importe son sérieux et sa rigueur, dans cette salle où elle seule est belle, tous ces regards masculins tournés vers elle sont une seule et unique voix muette : "J'aimerais bien me la sauter cette nénette". C'est tellement bête qu'elle ne peut même pas l'imaginer. Elle prend ses bouches ébahies pour sa mère, vieille carcasse aimante et analphabète qui la suit partout. Si elle vient à croiser un de leurs coups d'oeil éructant de lubricité, elle n'y fait pas attention, tant ce jeu de chassés croisés dure peu, la lâcheté les définissant autant que leurs fantasmes minables.

Epurée

Sans cesse rebattu cet appel
Vague brutalité, cuisante vérité
Maintenant, descends de cette échelle
Vorace et cruel, de ce désir-là tu es rongée!
Sous tes paupières alourdies
C'est comme une fable qui s'éveille
Des fragments qui, tour à tour, t'essayent
Te laissant un peu plus étourdie...
Viens l'adroite nausée
Le néant de concert
Avec cet amant inavoué
Qu'est le plaisir solitaire!
Tandis que la grâce s'évanouit
C'est ton coeur qui te rappelle
Combien tu l'as enfoui
Sous ce marasme d'irréel...
C'est le sang qui cogne
Infiniment à tes tempes
L'inanité de ta hargne
Qui fait que tu rampes, rampes...


N.B : Les textes que je publie ne suivent pas l'ordre chronologique dans lequel je les ai écrits...

lundi, juin 12, 2006

Paradis artificiel

Clapotis, clapotas. J'ai le vin qui fait le dos rond dans mes veines. Des myriades de gens, qui passent, qui rient. Des filles qui secouent leurs cheveux dans un espoir vain. Il neige dans ma tête. Il neige du coton et ça s'amoncelle, ça m'enveloppe sous la peau. Je souris, peut-être que quelqu'un, qui me murmurant des douceurs à l'oreille, étire ma joie? Je caresse ses cheveux comme autant d'herbe fraîche, comme autant de printemps à l'orée de mes doigts. Je parle en capitales avec des apostrophes qui éclatent comme des rires d'enfants. Plop! Ce sont les bulles qui m'ensorcèlent. J'ai le nez qui me pique, ça fait des chinoiseries iréelles.
Des pas chassés sur le saint parvis des âmes damnées! Plonge, pauvre âme, plonge ta tête sous l'eau et regarde ce drame, ce triste satyre qui vient te voler ta toute neuve piété! Mes mains jointes s'enfoncent dans la terre, puissante vie qui coule à flots, elle est fluide cette boue qui vient se coller à mes doigts, elle est légère cette sensation étrange de n'être qu'un monstrueux cliché. Une part antique, enjouée, et mille fois répêtée de Dieu.

Il y en a qui ricanent... Aaaah, sombre poètesse, ne sais donc tu pas apprécier cette orgie qui tout autour de toi s'épanouit? Te faut-il tant de mots, d'exclamations, pour en jouir pleinement? Regarde toi! Chaque expression qui te concerne signe ta fin, c'est à toi qu'abruptement s'échoue la vie. N'as tu donc point envie de pleurer? Tu as, femme, des chants qu'en toi tu ignores : le lyrisme de tes formes, la grâce imparfaite de tes mouvements, la timide danse de ta coiffure. Au moment où ta plume s'immisce entre chacun d'entre nous, chacun remarque les voluptes de tes mains, le troublant déhanché de tes épaules nues! Comment cette fragile harmonie ne saurait mieux être chantée que par le regard que nous, nous portons dessus? Mais ton regard pénètre et ne s'arrête pas, tes yeux transcendent mais ne se rivent pas. Rien n'est l'objet de ton désir ni de ton affection. Du Verbe, tu retournes au Verbe. Entends ceux qui tonnent de désespoir, cette clameur misérable... Ce sont les nôtres qui se prostrent devant ton affliction. Entre ciel et terre, n'y-t-il donc rien qui puisse t'appeller à nous? Oublie l'immensité de ta peine et viens un instant, Reine, te fondre parmi ceux qui se veulent tien.


N'y-at-il rien qui puisse m'appeler à vous? Mais je voyage et je me laisse bercer par les gémissements que je laisse derrière moi et tu me condamnes? Que pourrais je faire? Lorsque j'aurais quitté cet endroit pour un autre, qu'adviendra-til? Ma présence s'estompera dans les brumes de l'aube et bientôt, vous aurez jusqu'à oublier ma venue. Je m'échappe, je virevolte, pourquoi laisser ce discours oiseux me toucher? Je regarde mes mains, souillées encore par la terre, je pourrais en placer les paumes sur ton visage... Mais, j'ai du feu au bout de chaque ultime phallange, je brûle et détruis tout ce que j'effleure de mes louanges... Je m'approche au bord de l'eau, je me donne aux reflets du ciel, aux apparences célestes. L'affront est orageux, la visée funeste. Je ferme les yeux, au moment où la légèreté impregnait mon être, voilà le dégoût gracile d'être. J'ai connu l'amour et ses frasques incessantes, j'ai connu les communions frèles. Jour de pluie et chants de messe, labyrinthe des émois et tous les dédales de ma main jusqu'à la sienne, tous ces faux-semblants, l'aurore à nos joues et le bruit sourd de nos coeurs qui résonnait. Musique et musique encore, notes esquissées d'un bonheur douloureux, d'une plénitude volée au temps et à l'espace. Et puis le soleil qui s'éparpillait entre nous, toute cette lumière qui ne sommeillait plus. J'ai admiré pendant des heures la courbe de ses mots et de sa nuque, la douceur incroyable de ses gestes alors qu'il y avait en lui tant de colère rentrée. Nous buvions de l'eau de vie à petites gorgées jusqu'à ce que l'incompréhension puis la rancoeur nous fassent avaler cette liqueur d'amertume à pleines rasades. Du temps où il chantait encore dans ma tête, j'aurais pu me dévêtir et offrir mon corps à l'asphalte, j'aurais su que même en creusant, même en descendant toujours plus bas, je pouvais encore trouver l'azur.


D'ores et déjà, je sais que le glas a sonné. D'ores et déjà, je sais que mon souffle est moribond, que le sang s'écoule lentement de mes veines, que goutte à goutte, il tombe : plic, ploc, plic, ploc. Alors, oui, j'habite et j'habille cette brèche, je la pare de merveilleux. Je suis comme une illusion au milieu de vous tous, et si parfois ma peau frémit au contact de l'air, ce doux duvet qui s'irrisce n'est là que pour me rappeler combien je suis bannie, combien mon enveloppe est un supplice. L'amour est gravé dans mon esprit autant que dans ma chair. Mais mon corps est de parti pris et mon âme s'en désespère.

mercredi, juin 07, 2006

La Promesse

Pour que demain, jour se fasse
Sur ces étranges voix de velours
Qu'à la paresse, le temps qui menace
Dévoile ces grands atours

Pour que la lumière pénètre
En mon coeur enragé
De bien jolies saynètes
Se jouent à mes pieds

J'ai l'assurance de l'âme
Et sa bonté flamboyante
Des plaisirs sans flamme
Quand mes désirs mentent

J'ai pour moi la platitude
Et ses effets de serre
Quand grillent mes certitudes
Je sabre mes vers.